Depuis "l’être familial" dont parlait Paul Janet au XIX° siècle, la famille a beaucoup évolué. "Pas de famille sans l’enfant" disait-il encore. Où en est-on aujourd’hui où de toute part la famille – base de la société qui la soutient plus qu’elle n’est soutenue par elle, comme l’a dit l’économiste Jacques Bichot – est contestée, contournée, chassée de l’espace économico-social ? Le colloque national La Famille, initiative humaine ou dessein divin ?, initié par le diocèse de Dijon, a tenté d’y répondre avec les plus grands philosophes, sociologues, théologiens venus de Paris entourer les spécialistes locaux.
Deux jours durant, dans l’amphithéâtre du CUCDB à Dijon, on a donc analysé la situation de la famille et le “profond mystère qu’elle porte en elle”. Avec cette question lancinante de la post-modernité qui la réfute aujourd’hui dans tous ses composants (sexuel, masculin/féminin, économique, social, spirituel) : y a-t-il encore pour elle un espace et du temps qui la sauve, l’encourage et la fortifie ? Pas de vraies réponses, si ce n’est de forts constats.
D’abord que, qu’on le veuille ou pas, "la personne et la famille relèvent de l’ordre de la création et que, donc, elles se reçoivent" (Mgr Minnerath). Ensuite, que ce temps de la "modernité tardive" la réfute parce qu’il ne lui offre plus "aucun espace/temps paisible, aucune modalité du temps traversé ensemble" (Jean-Philippe Pierron). Le monde est passé de l’espérance au progrès, puis du progrès à l’accélération : "Comment inventer pour la famille des oasis de décélération ?" Rappels éclairicissants à partir de la Genèse, des lettres apostoliques de Jean-Paul II, d’analogies trinitaires … et des constats psychologiques.
Alors ? Eh ! bien, revenir aux évidences, se rappeler que "la monogamie va de pair avec le monothéisme" (Mgr Minnerath), que l’amour vrai s’épanouit en Dieu par une sexualité spiritualisée par le mariage (Mgr Anatrella), et que la famille reste, sur les cinq continents, la cellule de base de toute société. Le "beau modèle chrétien" est peut-être battu en brèche, il résistera parce que telle est la loi naturelle. "Le Christ rend plénier le dessein du Créateur" et l’indissolubilité du mariage entre un homme et une femme qui se sont librement choisis "vient du Christ et de personne d’autre".
En ouvrant les débats le vendredi matin, le Père Emmanuel Pic avait souligné "la vraie chance de ceux qui choisissent l’Église pour vivre une vie de famille", ne serait-ce que par les "outils de guérison" qu’elle est seule à apporter.
Michel HUVET
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