jeudi 15 décembre 2011

LÉGISLATIVES EN CÔTE-D'OR : BATAILLE DE FEMMES SUR LA III°


Laurent Grandguillaume, le dauphin de François Rebsamen



Il y a longtemps que je regarde la politique de plus loin qu’auparavant. Mais voici des échéances assez proches, et voici aussi qu’on se déchire dans nos contrées, et d’abord ici en Côte-d’Or, pour des places de candidat(e)s aux législatives qui suivront la présidentielle.

Et là, je compte les coups. Et je souris. Rien à dire dans la première circonscription si ce n’est qu’avec ses propos sur les vétérinaires/médecins, Françoise Tenenbaum a fait un croche-pied à Laurent Grandguillaume – le dauphin désigné de François Rebsamen – qui devrait y aller à sa place contre un sortant, Bernard Depierre, très affaibli par sa défaite aux cantonales, ayant perdu bien de ses soutiens et engoncé dans des affaires avec son personnel.

Dans la seconde, Remy Delatte va dormir tranquille, comme sa circonscription. Pierre Pribetich – ex député européen, adjoint lui aussi de Rebsamen –, va y aller pour déjouer les pronostics toujours favorables à la droite (c’est l’ancien fief de Louis de Broissia et de Jean-Marc Nudant). Il ne pourrait gagner qu’en cas de victoire hollandiste à la présidentielle.

Pascale Caravel-Fauguet 


Dans la troisième, c’est la ruée. Des femmes partout, de gauche dure ou de gauche molle, de Chenôve ou de Quétigny, sans oublier Sofia Okotoré, la vice-présidente de la région patriatesque, qui cherche depuis longtemps un terrain d’atterrissage proche de Dijon. Et à droite, c’est pareil : Catherine Vandriesse (région + ville de Dijon, mais dans l’opposition) en veut terriblement. Mais Jean-Philippe Morel, un radical centriste qui n’en est pas moins délégué de l’UMP, entend bien vaincre la loi de la priorité au sexe jadis faible et remporter au moins l’investiture.

Et là, attention ! Car une autre femme est partante, qui est adjointe aux affaires sociales de Chevigny-Saint-Sauveur, la ville prospère et calme qui doit tout à Lucien Brenot. Or Lucien Brenot a été député, lui le "très-à-droite", dans cette circonsription "très-à-gauche" qui appartenait jusqu’à sa mort à Roland Carraz et que François Rebsamen a convoitée un moment avant de laisser gagner Claude Darciaux.

Donc Lucien Brenot soutient sans le dire son adjointe, Pascale Caravel-Fauguet, et moi je vous dis, pour cette raison, qu’il faudra compter avec elle. Anne-Marie Beaudouvi, une autre adjointe de Lucien Brenot, avait échoué en 2007, d’accord, mais la situation est très différente cette fois : la sortante PS ne se représentant pas, il y a d’une part dispersion à gauche et, d’autre part, un contexte politique "grand dijonesque" très différent. Et Pascale Caravel a un langage anti-politicien qui peut entraîner bien des voix de centre-gauche.

Continuons plus brièvement. Dans la 4° circonscription, on ne voit pas Patrick Molinoz (RDG) battre le ministre François Sauvadet (NC). Et dans la V°, depuis que François Patriat n’est plus candidat, le maire de Beaune Alain Suguenot (UMP) n’a plus vraiment d’opposant sérieux.

Rendez-vous dans trois ou quatre mois. Le contexte national aura, d’ici là, sans doute fait beaucoup bouger les lignes.

Michel HUVET


jeudi 8 décembre 2011

"JE M'APPELLE BERNADETTE" : LE FILM IMPOSSIBLE À VOIR



On sait le succès remporté par des films comme Le Grand silence ou Des hommes et des Dieux, voire celui plus ancien de La Passion. On sait aussi le succès discographique et médiatique remporté actuellement par Les Prêtres. Comme si, loin des caricatures dont peut souffrir actuellement l’Église, ce que ses valeurs apporte à l’humanité restait inconsciemment très prégnant dans le coeur des gens.

Alors on s’interroge quant à l’abandon dont est actuellement victime le film de Jean Sagols, Je m’appelle Bernadette, qui avait été présenté en avant-première à Lourdes en juin dernier et dont il était légitime de penser qu’en décembre il pourrait bien caracoler en tête des succès de Noël. Patatras : si les (petits) producteurs ont bien fait leur travail, envoyé partout des affiches et des bandes annonces, les diffuseurs, eux, boudent ce film.

Deux exemples : Lille et Dijon. Deux métropoles réputées pour le nombre et la qualité de leurs écrans. Deux villes, néanmoins, qui ne pourront présenter Je m’appelle Bernadette à la foule qui le réclame. Les diffuseurs, y compris les salles d’art et essai, n’en veulent pas. "Pas suffisamment de copies" dit l’un en tournant vite le dos. "Trop de bons films sortent en même temps en cette période de fin d’année et celui-là est noyé dans la masse" dit un autre.

Les gens s’inquiètent, téléphonent aux évêchés comme si les évêques y pouvaient quelque chose, pleurent de grosses larmes dans les commentaires diffusés sur les sites cinéma d’Internet (par exemple Allociné qui a mis trois étoiles à ce film), écrivent à leur maire ou à leur député. Rien n’y fait.



Et pourtant, à se contenter de la bande annonce, voilà un très beau film, pas du tout à l’eau de rose (ou de Lourdes), qui restitue parfaitement l’ambiance politique de l’époque des apparitions, et qui est servi par des stars telles que Francis Huster (le procureur Vital-Dufour), Francis Perrin (commissaire Jacomet), Michel Aumont (l’abbé Peyramale), et même Rufus en évêque de Nevers ! Et aux dires de ceux qui ont pu voir le film, la jeune actrice toulousaine Katia Miran est une révélation.

Alors qu’est-ce qui cloche dans le système du cinéma français ? Voilà un beau sujet de débat pour novembre prochain à Dijon lors des Rencontres cinématographiques, non ? En tout cas, je serai de ceux qui poseront alors la question, au nom de tous ceux qui auraient aimé voir le film et en auront été privés ici ou là.

Michel HUVET


vendredi 2 décembre 2011

JEAN-PHILIPPE RAMEAU À DIJON : LE RETOUR



La musique baroque est totalement implantée en Bourgogne et particulièrement à Dijon. Quel chemin parcouru, si l’on songe au premier débat sur la question de la "musique ancienne" qui s’était déroulé lors de l’année Rameau en 1983 dans la salle des États à Dijon !

Les mélomanes (et les musiciens) étaient sceptiques. Comment pouvait-on savoir que le la était alors à 400 vibrations contre 444 ? Comment pouvait-on affirmer que les boyaux de chat valaient mieux que les nylons modernes sur les cordes des violes et autres gambes ? À l’époque, Rameau était méconnu, inconnu, délaissé. Quelques chorales chantaient encore La Nuit mais sans bien savoir d’où cette page était tirée, et les opéras du-dit étaient considérés comme ennuyeux, injouables et désuets.

Quel chemin parcouru ! Aujourd’hui, la musique baroque a envahi les conservatoires et les salles de concert. On joue Les Indes galantes de Rameau au Metropolitan Opéra de New-York devant des salles combles. On redécouvre une pléïade de musiciens oubliés. Les jeunes sacquebouteux de Quétigny font la gloire des festivals huppés de Provence sous le nom de Laostic – merci François Tainturier –, et les jeunes maîtrisiens dijonnais chantent des messes de Charles d’Ambleville ou du châlonnais Pierre Colin avec les professionnels de l’Ensemble Gilles-Binchois…

Et ce n’est qu’un début. Dijon prépare le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Rameau en 2014 avec un programme à faire pâlir les Folles Journées de Nantes. Etienne Meyer, chef et ténor bien connu, offre dans toute la Côte-d’Or des soirées de danse ancienne et de musique baroque (Les Traversées baroques)…



Et puis voici Patrick Ayrton. Un phénomène. De ces musiciens comme on en rencontrait partout aux XVII° et XVIII° siècles, sachant jouer de tous les instruments, composant, dirigeant, tous des "avant-Mozart" incroyablement doués et entreprenants. Le dit Ayrton a dirigé déjà à l’Auditorium de Dijon, c’est lui qui a redécouvert Joseph Touchemoulin (1727/1801), bourguignon très célèbre en son temps, dont il a dirigé une oeuvre majeure lors du dernier concert de l’Orchestre Dijon Bourgogne.

C’est lui, enfin, qui fait venir à Dijon la diva américaine Claron Mc Fadden pour un concert avec son ensemble Les Inventions. On y entendra des cantates d’un certain Thomas-Louis Bourgeois – Dijonnais qui travailla longtemps avec Claude Rameau, le frère de Jean-Philippe – et bien sûr du Rameau avec des extraits de la désopilante comédie lyrique Platée.

Il serait temps de nettoyer la statue de Rameau sur la place qui jouxte le théâtre de Dijon, ainsi que la plaque (trop haute) qui rappelle sa naissance au-dessus d’un portail de la rue Vaillant !

Michel HUVET