L’oubli est bien souvent la peine la plus
difficile à admettre par ceux qui la subissent. Passons pour Malraux, dont il
paraît que plus personne ne lit L’Espoir si ce n’est les Antimémoires, mais
pensons à Robert Poujade, ce Normalien gaulliste qui fut maire de Dijon pendant
trente ans, qui créa le ministère de l’Environnement et à qui, finalement,
François Rebsamen doit beaucoup pour son avènement en 2001 à la mairie de
Dijon.
L’oubli oui, car un de mes très proches,
chercheur de métier et fouineur de passion, vient de trouver au marché aux
livres du parc Georges Brassens, au 104 de la rue de Brancion dans le XV°
arrondissement de Paris, un petit livre qu’on lui a laissé à 2 euros. Titre :
Retrouver Malraux. Auteur : Robert Poujade. L’ouvrage date de 2011 et a été
édité par un éditeur-artiste, Pierre-Guillaume de Roux.
On y apprend que l’ancien député-maire de
Dijon "retrace un vibrant portrait de Malraux à travers l’aventure de son
oeuvre sur le thème du contemporain capital et de l’éternel précurseur".
Robert Poujade raconte que leur première rencontre remonte à un soir d’automne
1948, au sortir d’un meeting dont il avait la vedette au Quartier Latin. "Je
collais des affiches gaullistes avec quelques camarades, étudiants comme moi.
Malraux s’est approché de nous et s’est amicalement affligé de notre
inexpérience" (…) "Il me demanda mon nom, qui parut le frapper alors que mon
homonyme de Saint-Céré n’avait pas encore accédé à la notoriété? Ce n’est que
quelques décennies plus tard que je sus qu’il avait habité, lors de la
Résistance, un château ainsi nommé".
Bref, Malraux, l’homme de l’anti-destin fut
la parrain des jeunes gaullistes quand Robert Poujade en prit la présidence et
je crois savoir que les deux hommes lancèrent une revue politico-littéraire sous des pseudonymes.
Ils ne s’oublièrent jamais, Robert Poujade, devenu secrétaire général de l’UDR
et maire de Dijon, profitant alors de cette amitié pour obtenir du ministre de
la Culture de De Gaulle que la Donation Granville revienne au musée de Dijon !
En lisant le petit livre retrouvé dans le
XV°, sans doute pourra-t-on peut-être aussi vaincre l’oubli et retouver non
seulement Malraux mais aussi Robert Poujade…
Michel HUVET