Reflets de vitrail dans l'un des 14 tableaux |
Oui, la vallée de la Chouette était, en ce
samedi de septembre, le centre du monde. Ce coin perdu de haute Côte-d’Or ne
l’était pas tant que ça. Les initiatives intrépides de ses habitants pleins de
rêves et d’ardeur créatrice se bousculaient et se révélaient en ce jour de fête
arborée et les danseuses de la compagnie Les Décisifs étaient venues dire haut et fort que rien
n’était perdu et que tout était à venir, à commencer par un tourisme culturel
et écologique qui attirait déjà nombre d’étrangers entre Seine et Brevon.
Dans l'église de Beaulieu...
Et puis l’on se mit en quête de gravir les
marches qui conduisent au Ciel, ou plutôt à l’église Saint-Georges de Beaulieu
où deux mille ans d’histoire chrétienne disparaissent pour que, là, ce soit un
Jésus d’aujourd’hui, un frère, un ami, qui nous fasse partager ses peines et
ses souffrances dans ce monde : le Chemin de Croix de Linet Andréa nous tend en
effet un miroir de fraternité. Dans les vieux cadres d’époque lointaine, les 14
stations de la Via Crucis vous saisissent et vous interpellent de manière à en
avoir le souffle coupé.
Cet homme, ce frère, ce voisin ne nous
regarde pas. Sa croix est une ombre. Il est vivant, il souffre, il est étonné.
Le teint pâle du fond de tableau transforme chaque station en miroir et c’est
nous que l’on voit, chacun de nous à terre, épuisé, étonné, las, c’est nous à
qui Véronique tend un linge pour éponger notre sueur, c’est notre mort qui
s’avance à pas comptés et ce Jésus-là nous dit le tout de l’humanité en
quatorze chapitres.
Et le plus fantastique, le plus incroyable, c’est que ce
qu’il nous dit par Linet Andréa interposée, c’est exactement ce qu’il nous dit
par la plume d’Amélie Nothomb dans Soif, le livre le plus étonnant de cette
rentrée littéraire.
Michel HUVET
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