Les quatre solistes de 4anima (Photo X) |
Tandis que rien de culturel, mais vraiment rien, n’est proposé à Dijon en cette période aoûtienne – si ce n’est la programmation de la suppression de l’Orchestre Dijon-Bourgogne –, l’Auxois brille de mille feux musicaux de très haut niveau. On se croise dans les abbatiales ou cours de château, dans les églises ou les granges et c’est à chaque fois un enchantement, le très haut niveau, le partage d’éblouissements. Musicales en Auxois, Nuits de l’Abbaye (Saint-Seine), Académie de Thil, concerts au château de Bussy ou à Flavigny…
J’ai dit Saint-Seine l’Abbaye. Là-bas, aux
confins de l’Auxois et du Pays de la Seine, quelques grands musiciens – Yvan et
Claude Stochl, le chef d'orchestre Philippe Forget – se sont lancés en 2013 dans la création d’un
festival autour du 15-Août. Ce fut Schubert l’an dernier. Cela a été un
festival d’art vocal cette année, sous le joli titre de Chantons sous les
pommiers, avec des artistes de très haute qualité, en particulier le groupe
vocal féminin 4anima (1) qui, renforcé de deux voix d’ange (2), a donné en
première audition un petit chef-d’oeuvre de Philippe Forget, Specchio/Miroirs.
Une expérience inouïe
Dans la majestueuse abbatiale de
Saint-Seine, quel événement ! On venait d’entendre des madrigaux italiens de la
Renaissance et voilà qu’arrivaient, sur les poèmes de Louise Labbé et de la
vénitienne Gaspara Stampa, des vitraux sonores, des vertiges de sons flûtés,
une composition d’ajourd’hui et d’hier, sans datation possible, des échos de
douleur et de combats féminins sur de longs continuos à l’aigu. Les voix se mouvaient
dans le choeur, une époque répondait à une autre, et le coeur des auditeurs
vibrait malgré lui à l’unisson de cette musique vocale très modale. Une
expérience inouïe.
Claude Stochl et Philippe Forget (Photo X) |
Cette création répondait en tout cas fort
bien à ce qui l’entourait : trois choeurs pour voix de femmes de Rossini, les
madrigaux de Nasco et Marenzio, La Nuit et Le Réveil de Chausson, et le
toujours très rêveuse Mort d’Ophélie de Berlioz. Au piano, Claude
Bazenet-Stochl pouvait se dire que "son" festival à Saint-Seine, cette fois,
c’était gagné !
Michel HUVET
(1) Anne-Emmanuelle Davy, Sophie Poulain,
Caroline Gesret, Audrey Pevrier
(2) Christel Boiron et Isabelle Deproit
il est navrant de constater que l'importance de l'Art n'est toujours pas comprise des acteurs de la vie publique...
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