mardi 1 avril 2014

VITTEAUX : CHOPIN PAR THIERRY ROSBACH



Thierry Rosbach (Photo X)
J’ai déjà évoqué ici cette grange du prieuré à Vitteaux dont Jean-Louis et Martine Chastaing ont fait une "salle Gaveau de l’Auxois". Ils ont reçu dernièrement un pianiste hors pair, hors tradition, hors normes : Thierry Rosbach.

Un public venu de très loin l’a longuement acclamé alors qu’il venait de le mettre littéralement en transes en jouant, que dis-je en jouant, en bousculant les lois de la virtuosité et de l’interprétation, cette pièce que Chopin amena avec lui de Pologne et avec laquelle il devait éblouir l’Europe entière : l’Andante spianato et Grande polonaise.

Mais son propos, en ce samedi soir, n’était pas seulement de nous révéler l’écriture pianistique de Chopin, mais de nous le faire redécouvrir dans sa modernité intrinsèque en le confrontant au dernier des grands romantiques, Gabriel Fauré. Et là, on est resté confondus. Le 5° Nocturne de Fauré, venu après l’espiègle Barcarolle en fa dièse majeur de Chopin, ce fut un éblouissement pour les auditeurs : à peine remis des ombres de tristesse qui enluminaient le barcarolle, voilà qu’ils entraient dans les magies de timbres d’un Fauré qui relisait à sa façon le Polonais de Nohant.

Thierry Rosbach, qui enseigne au CNR de Dijon comme au conservatoire supérieur de Lyon, est aussi un improvisateur : et c’est cela le plus étonnant de son étourdissante maîtrise pianistique : quand il joue le Nocturne en si majeur de Chopin, par exemple, il nous fait découvrir l’oeuvre en train de naître, comme si Chopin, là, devant nous, s’était mis au piano pour chanter la nuit du début de printemps dans l’Auxois.

Il y a, comme ça, des pianistes qui ne jouent pas les stars médiatiques et qui se consacrent à faire partager leur passion musicale dans un cercle plus étroit et sans doute plus vrai. Thierry Rosbach est de ceux-là : cherchez à l’entendre, car il se mérite.

Michel HUVET











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