(Photo Savoirs inédits) |
Il est parti dans une discrétion totale,
lui le "petit frère des pauvres". Jacques Bazin eut mérité un peu plus que ce
silence assourdissant. Il avait plus de 90 ans, et vivait encore au milieu de
ses livres, dans son appartement de la rue de la préfecture, à Dijon.
C’est pourtant cet homme qui avait, dans
les années 70, fondé à Dijon une librairie, dite "de l’Université", qui allait
devenir une des premières librairies de France, "juste après le Furet du Nord à Lille", disait-on. En
fait, ce fut un véritable centre culturel : jamais on n’avait vu, sur quatre
étages, autant de section livresques, et chacun y trouvait d’autant mieux son
compte que se relayaient ici les plus grands auteurs (surtout ceux du Seuil) et que, dans le beau caveau, se
tenaient des séances qui dépassaient en intensité les "guillemets" qu'ouvrait Bernard
Pivot à la télévision.
Indifférence...
Jacques Bazin avait commencé par une petite
librairie sise à côté du cinéma ABC, rue du Chapeau Rouge, et c’est après le
rachat de la maison de jouets Bouet
qu’il s’installa rue de la Liberté pour une aventure extraordinaire que ne
surent pas poursuivre, après lui, les différents propriétaires et qui s’éteignit
il y a quelques années : une épicerie bio prit lieu et place de la librairie…
Modeste, effacé, érudit d’esprit et humble
de coeur, Jacques Bazin oeuvra discrètement pour les plus pauvres. Je sais qu’il
souffrit beaucoup, en 1986, de la prise d’otages que subit, au Liban, son
gendre journaliste (reporter de guerre) Philippe Rochot, je sais aussi que ne l’aurait
pas surpris la quasi-indifférence qui a suivi son décès, au lendemain de Pâques.
Michel HUVET
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