samedi 14 avril 2012

50 000 € POUR UN FAUX PLEURANT BOURGUIGNON




En ces temps de politique spectacle sur fonds de difficultés financières pour les simples gens, il est parfois bon de (re)vivre en s’intéressant à l’art en général et à l’histoire en particulier. Voyez Dijon, cette ville aujourd’hui pleine de cicatrices et de saignées, mais qui n’en reste pas moins l’une des plus belles villes de France.

Son musée est en travaux, lui aussi, surtout l’aile dite « de Bellegarde », surtout la salle des tombeaux et ses annexes. On trouve donc les pleurants du gisant de Marguerite de Bavière, échappés du tombeau, dans une des salles du musée, sous verre. De quoi pouvoir enfin les admirer à hauteur d’homme, de se pencher un peu pour voir sous leur capuchon, de contempler leur posture, leurs mains, leurs accessoires. Ou les regarder en écoutant – ainsi que le musée l’a offert récemment – les vers qu’ils ont inspiré à Michel Lagrange.



Les autres pleurants se promènent depuis plus de deux ans aux USA. Ils font le bonheur des amateurs des grandes villes et l’on estime déjà leur nombre à deux millions. La statuaire médiévale bourguignonne fait donc plus pour la France que la plupart des échanges commerciaux, universitaires ou sportifs. Le pleurant des Ducs est la star des States. Et leur succès s’accompagne aussi de tristes affaires, dont celle que vient de révéler Libération.



On y a lu ceci : « De père en fils, c’est le plaisir de livrer quelques souvenirs qui a dû dicter, selon ses propres mots, à Marc Perpitch de mettre en vente, via Artcurial, quelques lots de l’héritage de son père, antiquaire renommé du boulevard Saint Germain. Dont une sculpture qui lui vaut de se retrouver au tribunal de Paris. Ce marbre reproduit, dans les mêmes dimensions, un des pleurants sculptés au XVe siècle pour entourer le tombeau du duc de Bourgogne Jean-sans-Peur. Considérés comme des chefs-d’œuvre du gothique, ils ont fait l’objet il y a deux ans d’une exposition à New York, au Metropolitan. Cette copie a été vendue en 2009 pour 50 000 euros à un banquier collectionneur, mécène du musée de Cluny, Christian Giacomotto. »



Le tribunal a trouvé une experte pour le guider dans sa réflexion et analyser la copie de pleurant : Sophie Jugie, directrice du musée des beaux-arts de Dijon. Son verdict est clair : cette statuette date en fait du XIX° siècle.

Gare aux faussaires. Que ceux qui ont profité du succès des vrais pleurants n’en vendent pas de faux à 50 000 €, ah ! mais…

Michel HUVET



1 commentaire:

  1. Alors, ceux qu'on voit actuellement à Dijon, ce sont les mêmes que ceux que notre saigneur-maire a accompagné avec force réceptions et bonnes bouffes de son frère aux USA ? Ou une copie ? Ou la moitié d'entre eux ?
    Et l'affaire dont vous parlez ? La statuette a t'elle été vendue comme original ?

    Votre article n'est pas clair !

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