lundi 31 janvier 2011

DIJON VA RETROUVER SON "TRAMVAY"





Jadis, à Dijon, on ne disait pas le tram, on disait le tramVay. En le guettant place Wilson, on plaçait l’oreille sur le pilone des fils électriques où sa perche allait frotter et, au grondement qui s’amplifiait par résonnance, on devinait le nombre de minutes qui nous séparait de l’instant béni où l’on allait grimper dans sa baladeuse.

Tout cela, c’était avant le 1er décembre 1961, date de la dernière circulation du "1/6" entre Longvic (terrain d’aviation) et la gare de Dijon via, déjà, les places de la République et Darcy. La circulation, boulevard de Brosses, allait dans les deux sens, et le tramvay se faufilait entre les files de voitures de plus en plus nombreuses, et il fallait aux voyageurs de ce tramVay de bien jolis tours d’acrobatie pour, à même la chaussée, arriver jusqu’à la voiture rouge et jaune dont l’oeil de cyclope vissé sur les rails illuminait les pavés noircis.

Le tram, alors, mourut de n’avoir su prévenir l’arrivée massive des voitures à essence et, faute de site propre, de rendre le "rail de ville" désuet et anachronique. Un moment, on crut avoir trouvé la solution en le remplaçant par des trolleybus, et plaçant, si l’on ose dire, les rails-fils électriques dans le ciel. Le bus à moteur essence, tout en vapeur, fumées et grondements, parut être la panacée.

On oublia le tramvay jusqu’à ce qu’arrive l’an 2000. Un nouveau maire, très admiratif de ce que Paris faisait alors entre le pont du Garigliano et le pont de Bercy, décida les élus à revenir au tram : électrique, moins coûteux, plus silencieux, plus citoyen. D’où ces travaux que les Dijonnais supportent finalement pas si mal, sauf quelques commerçants râlant comme leurs devanciers de 1895, alors affolés par la future "vitesse" de ces chemins de fer de ville roulant à moins de 10 km/h qui, disaient-ils, empêcheraient les gens de voir leurs vitrines grassouilettes.

Oui, ce tram, on l’attend avec autant d’impatience que de fierté. C’est long à venir, ça vient quand même. On mettra douillettement dix minutes à peine pour aller, en glissant doucement, de la gare au CHU ou à la Toison d’or. Et dans ces trams, on l’espère bien, quelques poètes viendront peut-être murmurer à nos oreilles quelque balade tandis que nous rêverons en traversant ainsi en fredonnant les rues de la grande ville.

Michel HUVET


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