Les jeunes du lycée Carnot d’aujourd’hui, à
Dijon, ne peuvent imaginer ce que put être, à la fin des années 50 et au début
des années 60, la chorale Voix Amies du lycée Carnot. Un choeur assez
exceptionnel et un creuset extraordinaire de tout ce qui allait, après cet
extraordinaire travail de Daniel Paquette, se développer culturellement à
Dijon. De ce groupe, qui faisait salle comble (salle des Etats) une fois par an
et publiait ses concerts en disques 33 tours, sont nés en effet aussi bien le
théâtre universitaire (Grenier de Bourgogne, Michel Pruner) que la Compagnie
des Marionnettes Poétiques (Paul Vasil), voire que les multiples chorales A
Coeur Joie…
Daniel Paquette fut aussi celui qui sut
établir des passerelles entre lycéens et étudiants, entre le conservatoire et
le lycée – ses solistes étaient professeur d’histoire ou de français-latin, son
orchestre était composé de lycéens diplômés du conservatoire, etc – et
d’enrichir les choristes par des concerts tous azimuts tant en France qu’en
Angleterre ou qu’en Allemagne.
Puis l’homme au Vespa quitta Dijon. Ce
musicien était aussi musicologue, il devint docteur en travaillant sur la
musique de la Grèce antique, sur Rameau musicien sensible et savant rigoureux, ainsi
que sur le musicien Jean-Jacques Rousseau. Professeur de musicologie à Lyon-2,
installé dans le clunisois à Berzé-la-Ville, il ne cessa d’inventer, de
publier, de composer même.
Daniel Paquette et son clavecin en couleurs... |
Et puis il travailla comme un damné à
mettre au point le piano en couleur, bataillant scientifiquement pour établir
des liens entre sons et couleurs malgré la différence essentielle de leur
condition naturelle. Il reprit les travaux du Père Castel (XVIII°) pour
concevoir, grâce aux techniques numériques, un véritable "clavecin oculaire".
Ce musicologue unique en son genre,
musicien et musicologue à la fois, ne sera pas avec nous à Dijon cette année
pour fêter Rameau (1). Daniel Paquette vient de mourir. Mais dans le coeur de
ceux qui l’ont connu, la mort n’a pas sa place.
Michel HUVET
(1) On peut encore trouver sur Internet un
ouvrage sur Rameau qu’il édita aux défuntes Editions de Saint-Seine en 1984
Merci pour cet éloge
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