Cette fois c’est parti et ça va être chaud,
chaud, chaud.
Après les déroutes subies au cours des
dernières élections – surtout la présidentielle et les législatives –, la
droite se rebiffe et dans bien des villes de gauche sonnent les trompettes des
assaillants. Mais à gauche, c’est presque itou : les maires PS ou radicaux
sentent monter le vent de la contestation depuis leurs propres rangs, comme si
de vieux clivages et de vielles rancunes s’étaient réveillées dans le froid de
l’hiver.
Quelques villes valent que, d’ores et déjà,
on s’y arrête.
Laurence Porte |
Fabienne Lepy |
À Montbard, c’est presque comme à Paris,
une histoire de femmes. Pour déloger Christelle Silvestre, maire PS, elles sont
déjà deux à s’entredéchirer. Mais on sait que si Fabienne Lepy, qui est maire
d’Eringes, a de l’étoffe, sa rivale Laurence Porte a pour elle le soutien de
l’UDI François Sauvadet, ce qui n’est pas rien, et l’avantage d’avoir failli
faire trébucher Robert Grimpret lors des élections cantonales. On sait bien que
Montbard est, par tradition, une ville de gauche, très longtemps communiste,
mais les temps ont changé et Michel Protte a prouvé en son temps que c’était
gagnable par la droite.
Pierre Jacob (UMP) |
Roland Ponsaa (PS) |
À Chenôve, tout va bien ? Pas si sûr. La
ville, très à gauche comme toute la circonscription, a néanmoins une opposition
de plus en plus solide, Pierre Jacob (UMP) s’y entendant comme personne pour
déstabiliser une majorité socialiste… qui se lézarde doucement au fil des
projets du maire, Jean Esmonin (centre culturel, nouveau centre-ville, etc). On
murmure à Chenôve que le maire et son premier adjoint, le
conseiller général Roland Ponsaa, ne s’adressent plus la parole et que le
second mijoterait une liste contre lui aux municipales. Chenôve retrouverait alors
le clivage républicains-socialistes qui avait marqué la ville après le décès de
Roland Carraz.
Louis Legrand |
À Chevigny-Saint-Sauveur, la mort de Lucien
Brenot a lézardé là aussi une majorité confortable. L’excellent et très
convivial Michel Rotger – qui fut jadis conseiller du sénateur Michel Sordel à
Châtillon-sur-Seine – a été élu au fauteuil de premier magistrat par défaut
autant que par sympathie. Lui seul pouvait réunir les voix de ceux qui se
regardent en chien de faïence ou qui ont fait leur temps et ne veulent pas
qu’on le leur dise. Les batailles législatives perdues d’Anne-Marie Beaudouvi
(2007, plus de 43 %) puis de Pascale Caravel (près de 47%), toutes deux
adjointes à l'époque, ont laissé des traces. Et Louis Legrand,
premier opposant, a bien lu : tant à la présidentielle qu’aux légilatives,
c’est bien la gauche qui l’a emporté à Chevigny, c’est dire combien le malaise
est grand à droite.
Et Dijon ? Alors là, c’est le grand réveil d’une droite aphone et
sans réflexe depuis le départ de Robert Poujade en 2001. Le PS François
Rebsamen a fait ce qu’il a voulu, comme il l’a voulu. Et il a, du coup, mis à
part l’endettement, un sacré beau bilan qui devrait pouvoir lui assurer l’année
prochaine un troisième mandat. Si sûr que ça ? Certains, dans ses rangs,
s’agitent un peu et toussottent dans leur coin. Les petits sous, un adjoint au
violon, l’économie fragile, les travaux insupportables assombrissent un horizon
tout rutilant.
Et la fuite du premier opposant,
François-Xavier Dugourd, a changé la donne. Voilà qu’à droite, on rêve, depuis
les gaullistes sociaux jusqu’aux franges du FN, c’est la quasi-union – la
candidature d’Emmanuel Bichot restera fantaisiste, d’autant que Louis de
Broissia, en statue du commandeur, l’a dégonflée illico – autour du sénateur
(rural mais paradoxalement très dijonnais) Alain Houpert qui aura l’investiture
de l’UMP et à qui Laurent Bourguignat a déjà fait allégeance. Un discours très
humain, hors politique politicienne, une campagne de terrain plus que de
meetings, et voilà que la mairie pâlit et se paie des sondages à tire-larigo.
Dans cette capitale régionale à l’enjeu si
important – “Qui tient Dijon tient la Bourgogne” disait Jean-Pierre Soisson –,
l’annonce de listes marginales, mélanchonistes ou lepénistes, peut évidemment
troubler des eaux pourtant bien calmes depuis douze ans.
Michel HUVET
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