François Rebsamen, au centre, et Laurent Grandguillaume, à sa gauche (Photo Johann Michalczak) |
La carte électorale de la Côte-d’Or (et de
la Bourgogne) vient de voir basculer la région d’une époque dans une autre.
Les mandarins et leurs héritiers commencent
à disparaître du paysage. Sauf dans l’Yonne où Jean-Pierre Soisson pèse encore
d’un poids important dans sa circonsription auxerroise : son successeur désigné
a été élu. Mais partout ailleurs, c’est la fin. Fin pour Jean-Marc Nesme du
côté de Paray-le-Monial en Saône-et-Loire. Fin pour Bernard Depierre du côté de
Dijon, en Côte-d’Or.
Bernard Depierre, c’était l’héritier de
Robert Poujade. Héritier de circonstance, souvenons-nous, puisque le suppléant
du maire de Dijon en 1997 c’était le maire de Talant, Baptiste Carminati,
qu’une sordide histoire de dénonciation d’intérêts privés mis à l’ombre au
mauvais moment. Robert Poujade, alors, se tourna vers son adjoint aux sports,
le dit Bernard Depierre, pour conserver son siège de député.
En Saône-et-Loire, ce sont les héritages de Pierre Joxe
(Bresse louhannaise) ou de Dominique Perben (Chalon-sur-Saône) qui s’éffritent.
Comme quoi, tout passe, même en politique, et comme je le rappelais en février
à propos des présidentielles, la roche tarpéïenne est proche du Capitole.
Le Capitole, désormais, est à gauche. Et
même si les médias de Côte-d’Or font valoir que le département a conservé
quelques baronnies de droite (Alain Suguenot à Beaune, François Sauvadet dans
la haute Côte-d’Or), on sent bien que l’heure est au triomphe des vainqueurs de
2001, François Rebsamen en tête.
C’est ainsi qu’on doit interpréter
l’étonnante victoire de Laurent Grandguillaume (PS) dans la circonsription la
plus à droite des bords de Dijon. Elle avait été taillée exprès pour Robert
Poujade par Charles Pasqua avant les élections de 1986 pour que les deux ténors
de Côte-d’Or, Robert Poujade et Roland Carraz, aient chacun la possibilité de
siéger au Palais-Bourbon.
La victoire du dauphin de François Rebsamen
en dit long sur le travail de sape accompli par les réseaux du maire de la
capitale dans les quartiers huppés de sa ville comme dans celle de la voisine
Talant, bastion qu’on croit de droite dure quand on oublie qu’elle fut à gauche
longtemps, lors des débuts du quartier du Belvédère.
Enfin, cette fois les choses sont claires :
le maire de Dijon peut être ministre, on sait qui lui succédera s’il abandonne
son mandat…
Michel HUVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire