On sait le succès remporté par des films comme Le Grand silence ou Des hommes et des Dieux, voire celui plus ancien de La Passion. On sait aussi le succès discographique et médiatique remporté actuellement par Les Prêtres. Comme si, loin des caricatures dont peut souffrir actuellement l’Église, ce que ses valeurs apporte à l’humanité restait inconsciemment très prégnant dans le coeur des gens.
Alors on s’interroge quant à l’abandon dont est actuellement victime le film de Jean Sagols, Je m’appelle Bernadette, qui avait été présenté en avant-première à Lourdes en juin dernier et dont il était légitime de penser qu’en décembre il pourrait bien caracoler en tête des succès de Noël. Patatras : si les (petits) producteurs ont bien fait leur travail, envoyé partout des affiches et des bandes annonces, les diffuseurs, eux, boudent ce film.
Deux exemples : Lille et Dijon. Deux métropoles réputées pour le nombre et la qualité de leurs écrans. Deux villes, néanmoins, qui ne pourront présenter Je m’appelle Bernadette à la foule qui le réclame. Les diffuseurs, y compris les salles d’art et essai, n’en veulent pas. "Pas suffisamment de copies" dit l’un en tournant vite le dos. "Trop de bons films sortent en même temps en cette période de fin d’année et celui-là est noyé dans la masse" dit un autre.
Les gens s’inquiètent, téléphonent aux évêchés comme si les évêques y pouvaient quelque chose, pleurent de grosses larmes dans les commentaires diffusés sur les sites cinéma d’Internet (par exemple Allociné qui a mis trois étoiles à ce film), écrivent à leur maire ou à leur député. Rien n’y fait.
Et pourtant, à se contenter de la bande annonce, voilà un très beau film, pas du tout à l’eau de rose (ou de Lourdes), qui restitue parfaitement l’ambiance politique de l’époque des apparitions, et qui est servi par des stars telles que Francis Huster (le procureur Vital-Dufour), Francis Perrin (commissaire Jacomet), Michel Aumont (l’abbé Peyramale), et même Rufus en évêque de Nevers ! Et aux dires de ceux qui ont pu voir le film, la jeune actrice toulousaine Katia Miran est une révélation.
Alors qu’est-ce qui cloche dans le système du cinéma français ? Voilà un beau sujet de débat pour novembre prochain à Dijon lors des Rencontres cinématographiques, non ? En tout cas, je serai de ceux qui poseront alors la question, au nom de tous ceux qui auraient aimé voir le film et en auront été privés ici ou là.
Michel HUVET
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