jeudi 14 avril 2011

L'ABBÉ DE CÎTEAUX VEUT LE CRIER HAUT ET FORT




Je suis en train de dévorer un petit livre merveilleux, qui vient de paraître aux Editions dijonnaises L’Échelle de Jacob : ne riez pas, cela s’intitule Introduction à la vie priante. De nos jours, prier, je sais bien, cela fait plutôt sourire et écarquiller les yeux ! Prier, alors que les fins de mois sont difficiles ! Prier, alors que l’on ne vit qu’entre un caddie au supermarché et une rigolade de téléréalité.

Oui, j’ai dit prier. Comme l’explique si bien un personnage étonnant, Dom Olivier Quenardel, un ancien chef d’entreprise devenu père abbé de Cîteaux, lors de ces entretiens avec une universitaire lauréate de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, Véronique Dufief. Et que dit, d’abord, ce moine exemplaire ? Qu’il veut "crier haut et fort" ceci : "Dieu n’est pas un suveillant, il ne me guette pas au tournant de mes erreurs pour me tomber dessus et m’accabler de reproches. Illusion mortifère que ce dieu pion ! Invention tenace de l’homme pécheur que ce dieu gendarme !"



Et alors, Dom Olivier Quenardel poursuit : "Dieu estime trop notre liberté pour un tant soit peu l’endommager. Il se propose et jamais ne s’impose. C’est plus que du respect. Une extrême pudeur le pousse à nous rejoindre au plus intime de nous-mêmes en se réduisant à une bouchée de pain, à une gorgée de vin (…) Dieu ne veut jamais nous impressionner".

Alors, oui, prier. Avec son corps autant qu’avec son âme. Se mettre à l’écoute de ce "silence inépuisable". Lâcher prise. Devenir guetteur de l’aube. Le reste ne nous appartient plus.  C’est ce que j’aurais voulu faire comprendre à tant de personnes en quête d’une vie plus pleine et plus apaisante au moment où les chrétiens s’apprêtent à vivre la semaine dite sainte. Jusqu’à la nuit que la découverte d’un tombeau vide et d’un linceul roulé éclairera soudain d’une petite flamme d’espérance.

Michel HUVET

(1) Dom Olivier Quenardel, abbé de Cîteaux : Introduction à la vie priante, préface du Frère Alois, Prieur de Taizé, entretiens avec Véronique Dufief (Editions L’Échelle de Jacob, collection Visages, 224 pages, 18 €)

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