La Nativité de Robert Campain, dit le Maître de Flemale |
La machine à dé-croire : c’est ainsi que le
grand poète Michel Lagrange, l’ami de Soulages, le professeur émérite de
Lettres, l’académicien dijonnais, parle de ce qui se passe aujourd’hui dans
l’enseignement secondaire, on pourrait dire aussi dans les têtes dites bien
faites qui hument l’air du temps et fricottent avec toutes les idées
post-soixante-huitardes les plus éculées.
Mort de l’homme sans Dieu, disait à peu
près Dostoïevsky. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Regardons autour de nous,
partout, dans le monde politique, dans les états prétentieux, dans le commerce
et le capitalisme effréné, dans la vie tout court, cette vie dont on croit
pouvoir user et abuser comme si elle était un "bien" parmi les biens à
consommer et non un don qu’il convient de préserver. Supprimons la vie avant la
naissance, supprimons les vieux inutiles par l’euthanasie, supprimons la
famille, fabriquons les enfants en fonction des désirs des uns et des autres.
Voici ce que Michel Lagrange a récemment
raconté. Sans commentaires.
"Je me trouvais
au Musée des Beaux-Arts de Dijon, lundi dernier, pour y écrire un texte, face
au retable en bois sculpté de la Passion. Dans la même salle, durant les
travaux du Musée, se trouvent quelques chefs-d’œuvre, dont la Nativité du Maître de Flemalle.
"Une classe, plutôt bruyante,
arrive, menée par quelques adultes. Les élèves, d’une quinzaine d’années,
s’assoient par terre et l’un des accompagnateurs se met à commenter le tableau.
Rapidement, superficiellement. Alors, un des accompagnateurs se détache des
autres, et s’adresse à la jeune assistance. Il leur demande ce que représente
ce tableau, et pourquoi il a été peint….
Je le vois venir avec ses idées que
j’écoute, à l’écart de ce groupe. Le tableau a été peint, leur fait-il dire,
pour faire croire au public de son temps en cette scène de la Nativité. Et
vous, vous y croyez ? Non, bien sûr, murmurent les élèves. Pourquoi
fallait-il croire à cette époque en ce genre d’épisode. Un élève répond que,
sinon, on risquait la mort… ! De fil en aiguille, le commentateur se met à parler de propagande, de
conviction forcée, et d’ajouter, victorieux, qu’aujourd’hui, bien sûr, on ne
croit plus.
Je bouillais, j’aurais voulu intervenir, mais j’avais autant peur
de mon emportement que de mon manque de courage. Et voilà comment on endoctrine
les jeunes élèves, au nom d’une liberté soixante-huitarde qui n’est pas
périmée. Aucun mot sur la beauté, sur l’œuvre d’art, son style, ses influences.
Admirable machine à dé-croire, à profaner de jeunes cerveaux,
qui n’ont de liberté que celle du vide et de la nullité spirituelle."
Ne vous frottez pas les yeux : vous avez
bien lu !
Michel HUVET
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