jeudi 24 février 2011

GEORGE SAND : UNE LETTRE MANUSCRITE EN VENTE





Êtes-vous, comme moi, sensible aux manuscrits de grands écrivains ? Ne trouvez-vous pas qu’il est très émouvant d’étudier les pages écrites nerveusement par Balzac, par exemple, avec ses annotations en marge qui redoublent le texte, ou de scruter les ratures innombrables qu’on trouve chez Flaubert et qui montrent son souci d’extrême concision ?

Ainsi, je viens d’apprendre qu’une grande lettre manuscrite de George Sand vient de réapparaître et sera mise en vente – l’estimation est entre 1 500 et 2 000 € – le 11 mars prochain à Paris. Ecriture à large épaisseur d’encre et en lignes montantes très serrées. George Sand écrit là  à un certain Martin Bernard, dit Martin-Bernard (1808-1883), ouvrier typographe, militant républicain, représentant du peuple et commissaire de la République, exilé en Belgique puis en Angleterre en 1849, pour le compte duquel un ami lui demande d’intervenir en sa faveur auprès d’un éditeur.



George se défend de pouvoir trouver un éditeur, à part Hetzel, qui lui soit favorable. Elle en profite aussi, dans son style si moderne, pour dire combien la politique la dégoûte. Lisez plutôt : « Bien que j'aie essayé d'étudier et de comprendre, comme tout le monde, la raison divine des choses humaines, je n'ai jamais pu me défendre d'aimer follement mes semblables, et par conséquent de porter dans l'appréciation des aventures historiques qu'on appelle à tort aujourd'hui la politique, les ardeurs et les dégouts de la passion, si bien qu'ayant vu de près, pour la première fois, en février 1848, les hommes et les choses, et un peu aussi les masses, j'étais revenue dans ma retraite découragée, abattue, et n'ayant plus le moindre désir de les revoir ».



L’auteur de La Mare au diable, pionnière de l’écologie et du féminisme, est restée un de nos meilleurs écrivains. On l’oublie trop … sauf en Bourgogne où Janine Bessis, par exemple, préside un cercle d’ami(e)s de l’amie de Chopin, et où Christiane Ruisi dans un beau livre sur la sociétaire de la Comédie-Française Jeanne Arnould-Plessy, nous rappelle que Sand l’avait pour amie (un carton à son nom est toujours devant son assiette à Nohant) et que cette comédienne était originaire de Salives.

Le monde est tout petit.

Michel HUVET


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire