vendredi 6 avril 2018

JACQUES BAZIN : LA "LIB DE L'U" C'ÉTAIT LUI

(Photo Savoirs inédits)
Il est parti dans une discrétion totale, lui le "petit frère des pauvres". Jacques Bazin eut mérité un peu plus que ce silence assourdissant. Il avait plus de 90 ans, et vivait encore au milieu de ses livres, dans son appartement de la rue de la préfecture, à Dijon.

C’est pourtant cet homme qui avait, dans les années 70, fondé à Dijon une librairie, dite "de l’Université", qui allait devenir une des premières librairies de France, "juste après le Furet du Nord à Lille", disait-on. En fait, ce fut un véritable centre culturel : jamais on n’avait vu, sur quatre étages, autant de section livresques, et chacun y trouvait d’autant mieux son compte que se relayaient ici les plus grands auteurs (surtout ceux du Seuil) et que, dans le beau caveau, se tenaient des séances qui dépassaient en intensité les "guillemets" qu'ouvrait Bernard Pivot à la télévision.

Indifférence... 

Jacques Bazin avait commencé par une petite librairie sise à côté du cinéma ABC, rue du Chapeau Rouge, et c’est après le rachat de la maison de jouets Bouet qu’il s’installa rue de la Liberté pour une aventure extraordinaire que ne surent pas poursuivre, après lui, les différents propriétaires et qui s’éteignit il y a quelques années : une épicerie bio prit lieu et place de la librairie…

Modeste, effacé, érudit d’esprit et humble de coeur, Jacques Bazin oeuvra discrètement pour les plus pauvres. Je sais qu’il souffrit beaucoup, en 1986, de la prise d’otages que subit, au Liban, son gendre journaliste (reporter de guerre) Philippe Rochot, je sais aussi que ne l’aurait pas surpris la quasi-indifférence qui a suivi son décès, au lendemain de Pâques.


Michel HUVET