mercredi 13 août 2014

ORCHESTRE DIJON-BOURGOGNE : LA RÉSISTANCE EST EN MARCHE


L'ODB en concert à Cluny (Photo JSL)


Etrange silence que celui des élus – majorité ou opposition d’ailleurs – dans le drame social et culturel que vit Dijon avec la fin programmée de son orchestre. Les Ponce-Pilate se contentent de laisser monter au feu le directeur de l’Auditorium qui, le malheureux, verse une larme de crocodile sur la mort programmée des musiciens. Du coup, dans ce silence assourdissant des responsables, les malheureux membres de l’ODB montent au feu avec l’énergie du désespoir.

Le président Gérard Cunin répond d’abord à la larmoyante oraison funèbre de la direction de l’Opéra de Dijon par une citation de La Rochefoucaud selon laquelle "l’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu" et Daniel Weissmann, le directeur de l’ODB, se défend de toute mauvaise gestion et rappelle fort justement que la sentence mortelle ne date pas d’aujourd’hui : "Se souvient-on dans quel état de crise sociale majeure était cet orchestre en 2009 quand il a fallu reconsidérer son projet artistique et son avenir ?"

 Rien ne serait arrivé si ...

Remontons donc le temps. Souvenons-nous qu’un orchestre a toujours existé à Dijon, avec des musiciens fournis pour la plupart par le conservatoire et dont le propos était surtout lyrique – opéra – et symphonique : du temps d’André Ameller, la Société des Concerts du conservatoire assurait, avec quasiment les mêmes musiciens, la partie symphonique et pédagogique et le Théâtre pouvait se permettre de jouer quatre opéras et six opérettes par mois !

Et puis vint l’Auditorium. Tout allait pour le mieux tant que Jean-Claude Wambst était à la barre. L’élection d’un nouveau maire – lequel avait combattu l’auditorium pendant ses années d’opposition – fit partir celui qui avait réussi à lancer l’Auditorium de Dijon dans le grand bain des salles illustres européennes. La seule question était dans le maintien, ou non, de la structure "opéra" telle qu’elle existait et dont la mairie ne voulait plus. Pourtant, si elle n’était pas tombée malade, le nouvelle directrice, Claude Meiller, eut sauvegardé musiciens, choristes et danseurs – elle avait de grandes ambitions en matière de chorégraphie – et rien ne serait arrivé. La gabegie d’Olivier Desbordes puis l’arrivée de Laurent Joyeux changèrent les perspectives.

"Or ça, pas question !" 

Déjà, le très pro-Bazin Thierry Caens, avait proposé ses services pour tenter d’unir la carpe et le lapin. Dans une interview qu’il m’avait accordée au début des années 2000 dans Le Bien Public, il posait justement le problème : "Si on fait le mauvais choix de faire tout le lyrique à l’Auditorium, Dijon disparaîtrait des scènes lyriques de province, et c’en serait fini de l’emploi pour les choristes et les musiciens". Et il ajoutait, lisez bien : "Or ça, pas question !" Devenu par la suite pro-Rebsamen, le même trompettiste-oenologue entérina sans broncher la disparition-externalisation de l’orchestre de l’Opéra, quitta même la structure dont il assurait la direction et lui, le musicien, se contenta du titre d’"ambassadeur culturel" que le maire lui octroya, sans rire.

Arriva cette affaire du Ring de Monsieur Joyeux. Une superbe occasion, pour la mairie, de porter l’estocade à cet ODB dirigé par des proches de l’UMP comme elle avait porté l’estocade, et pour les mêmes raisons, aux mondialement célèbres Fêtes de la Vigne. Le Ring, c’était manger le budget de toute une saison pour l’ODB. Le piège était là. L’ODB s’y jeta, hélas, en refusant de jouer le Ring pour ne pas compromettre le reste de sa saison. La municipalité sauta sur l’occasion, amputa la subvention pour la reverser à Laurent Joyeux qui rameutait des musiciens de toute l’Europe pour faire quand même son Ring et laissant l’ODB dans une misère dont on voit aujourd’hui les stigmates.

Cet abandon, ce silence des responsables, ce scandaleux désintérêt politique, ce lynchage antisocial, cette liquidation en trompe-l’oeil auront des conséquences que ceux-là même qui s’en lavent aujourd’hui les mains auront à payer, cher, demain. D’ici là, pétitionnons, et lançons – pourquoi pas ? – un appel au mécénat sur un site approprié.

La Résistance culturelle ne fait que commencer. Emmanuel Krivine, Régis Pasquier ont déjà lancé leur appel. J’y ajoute le mien.

Michel HUVET



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