mercredi 29 mars 2017

JEAN VIGREUX, LE MORVAN ET MITTERRAND : C.Q.F.D.


 Si l’Histoire est une science, elle n’échappe quand même pas à la vie personnelle de l’historien. Jean Vigreux, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, spécialiste de l’histoire du communisme rural et de la politisation des campagnes, n’en est pas moins aussi le fils d’un célèbre historien nivernais (Marcel Vigreux) et il a accroché bien de ses souvenirs d’enfance aux branches des sapins qui entourent Château-Chinon ou Dun-les-Places.

Voilà pourquoi ce petit livre qui vient de paraître aux Editions Universitaires de Dijon : François Mitterrand, la Nièvre et le Morvan (1) n’est pas comme les autres. Bien sûr, l’ouvrage est d’une extrême rigueur historique et chaque élection est passée au crible des vérifications, des chiffres et des noms. Mais cet ouvrage historique est aussi un ouvrage philosophique : Jean Vigreux, en épluchant la vie politique de la Nièvre entre 1947 et 1996, va beaucoup plus loin. Il nous fait pénétrer en fait dans les rapports affectifs qu’a pu entrentenir avec ce département et ce territoire morvandiau un homme politique comme François Mitterrand et qui dépassent de loin les seuls intérêts politico-électoraux.

Une sensibilité particulière

Mitterrand, en effet, s’est totalement “identifié” à sa terre d’élection. En 1995, encore président de la République, il disait : "Tout s’est bien passé entre les Nivernais et moi-même. J’en garde une sorte de sensibilité particulière. Lorsque je rencontre les Nivernais, cela me procure toujours un plaisir un peu différent de celui que j’éprouve avec d’autres”. Et Jean Vigreux ira jusqu’à nous raconter comment le grand homme d’Etat avait acheté secrètement un carré d’herbe au sommet du mont Beuvray pour y être enterré “comme un vieux Gaulois".

Bien sûr, l’apport de Mitterrand à la Nièvre est capital : désenclavement, routes, "ardoises d’Anjou" sur les toîts des vieilles maisons rénovées, usines, circuit automobile, musée du Septennat, on en passe et des meilleurs. Reste surtout cette incroyable affinité entre l’homme d’Etat et les "braves morvandiaux", à commencer par Camille Marchand, le sabotier maire de Gouloux, qui a reçu des milliers de cartes postales de Mitterand, où qu’il soit allé, comme chef de l’Etat, dans le monde.
 
Un petit livre d’historien qui vaut qu’on le dévore : pour avoir moi-même bien connu tous ces personnages nivernais, y compris la famille Gouze ou la maison de Camille Marchand, j’ai goûté cet essai avec gourmandise car elle m’a enrichi d’autant d’Histoire que de nostalgie…

Michel HUVET

(1) François Mitterrand, la Nièvre et le Morvan, par Jean Vigreux
(Editions EUD, coll. Essais, 130 pages, 9 €


1 commentaire:

  1. Interressant,... Une bonne motivation ... et même séduisante invitation à aller du côté de ce Morvan, certes terre de traditionsl par nature, mais en l'occurrenc devenu "haut-lieu" d'histoire et de politique. Et pas par l'expertise de n'importe quel historien ! Félicitation pour la belle communication de cette parution, et, conjointement à l'auteur de cet ouvrage, que je ne manquerai pas de me procurer !

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