vendredi 22 mars 2019

"LÉZARDS VIVANTS" : OUI VRAIMENT ... LES ARTS VIVANTS !


 Un spectacle fou, fou, fou. C’est cela le théâtre, porteur de tous les arts et de tous les rêves, pourfendeur du temps et de l’espace, dont il ne reste, à la sortie, que l’envie de réaliser l’imaginaire vécu. Les deux compagnies bourguignonnes de Théâtre en Seine et de L’Oreille interne se sont unies pour ces Vivants lézards que les Châtillonnais ont eu le bonheur de voir ramper au beau milieu de la salle Kiki de Montparnasse avec le soutien du Théâtre Gaston-Bernard et de sa directrice.

Une heure trente durent, dans un caravansérail de costumes, de papiers, de masques, de boites de conserve vides, l’histoire de l’Homme (et des arts … premiers) est contée en onze tableaux dont nous devrons être, nous, parvenus au bord de l’abîme climatique, les auteurs du douzième. Sophie Renauld, à l’imaginaire débridé par des connaissances universelles, s’en donne vraiment à coeur joie dans cette évocation cabaretesque des rapports entre l’Histoire, l’Art, la Femme et le Temps.

Sur la mer de l'hier et de l'avant-hier 

Photo TGB
Avec elle, Eric Ferrand fait vibrer sur ses instruments inavouables la corde sensible de toute âme humaine, des quintes égyptiennes aux rocks hallidayens. Nicolas Hanny débusque dans tous les greniers de l’histoire les objets les plus insolites qui vont évoquer les marques artistiques de tous les temps (sculpture, projection lumineuse, peinture, mots) et Hélène Poulain regle sur scène toute la magie régisseuse de tout spectacle !

On est totalement embarqué sur ce navire d’aujourd’hui navigant comme il peut sur la mer démontée de l’hier comme de l’avant-hier, et nous devenons des enfants à l’imaginaire déclenché par un masque de loup ou une robe de Cour. On est au bord du pastiche, on sourit en retrouvant une Isis momifiée de rubans, la mandorle médiévale où Marie essoufflée tente de soutenir le corps de Jésus , la tirade alexandrine de Bérénice traitée ici au troisième degré de la diction, le silence assourdissant d’une présence beckettienne sur la scène, j’en passe et de bien meilleures oeuvres pour faire regretter de n’avoir pas assisté à ce spectacle à ceux qui n’ont pas osé.

Ces Vivants lézards, en tout cas, démontrent joyeusement combien sont vivants les arts.

Michel HUVET



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