lundi 1 juin 2015

HAUTE CÔTE-D'OR : HAUT LE CHOEUR !

Nancy Hézard au piano face à ses choristes (Photo X)

On se frotte les yeux, on n’en croit pas ses oreilles : voilà un choeur, celui de la Haute Côte-d’Or, qui ne fait rien comme tous ceux qui se disent que le chant choral c’est d’abord chanter Brel ou Brassens, qui n’existe que depuis 2008, qui regroupe des amateurs venus de Châtillon, Montbard, Semur ou Vitteaux, qui ne répète qu’une fois par semaine, et qui se hisse au sommet de la difficulté musicale !

Nancy Hézard n’y va pas de main lasse : ce seront Duruflé, Arvo Pärt ou rien ! De quoi former d’abord, sinon la justesse absolue, du moins l’écoute des plus fins accords désaccordés, sinon la justesse de l’intention cachée au coeur de partitions délicates, très subtiles dans leur écriture et très inspirées en matière de spiritualité.

Le Choeur de Haute-Côte-d’Or ainsi vêtu de prétention, l’a justifiée l’autre soir dans l’église Saint-Germain de Vitteaux devant un public médusé, qui ne s’attendait pas à découvrir comment un basque contemporain comme Javier Busto parvient, à partir de murmures et chuchotis, à traduire “le plus grand des mystères” (O magnum mysterium) en conduisant l’auditeur jusqu’à la lumière irradiante d’un grandiose alleluiah.

C’est vrai que l’ambition de Nancy Hezard est atteinte : elle a visé la Lune, elle y parvient ! Certes, elle ne pose pas son aéronef choral sur le satellite, mais elle s’en approche très près, le contourne et le valorise. C’est d’autant plus vrai avec Arvo Pärt, cet Estonien qui dépasse le sérialisme et le collage de ses débuts pour parvenir, notamment dans un Magnificat à couper le souffle et surtout dans un Nunc Dimitis qu’on eut aimé réentendre en bis, à faire sentir à l’auditeur l’ampleur du spectre lumineusement sonore qui s’inscruste en mille couleurs dans son âme.

Pour que les choristes parviennent à voir la Lune, Nancy Hezard calme les tempi et laisse passer des transitions hasardeuses, mais c’est pour la bonne cause, celle qui réconcilie musiques savante et populaire. 

Michel HUVET



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