dimanche 11 mai 2014

CLAUDE PATRIAT NOUS FAIT LE COUP CLASSIQUE


Dessin de couverture (Patrick Grillot)
C’est un titre à la Claudel mais qu’on ne s’y fie pas : L’Annonce faite à Toinette est une comédie, une tragi-parodie selon son auteur, et je vous jure que s’il y a longtemps que vous n’avez pas passé un bon moment de lecture, vous allez vous rattraper !

On se demande bien quelle mouche classique a piqué Claude Patriat, très sérieux ex-vice-président de l’université, fondateur de l’IUP Denis-Diderot, politologue émérite, de surcroît frère aîné d’un aimable sénateur, pour qu'il se livre ainsi dans une pièce parodique en vers où se retrouvent à Versailles et Paris en 1774 des personnages étrangement ressemblant à ceux de notre quotidien de 2014.

Ce Louis, roi des Français, a bien les traits d’un certain François de l’Elysée. Sa première fiancée et duchesse du Poitou, est aussi rusée et maligne que celle qui s’en fut chercher querelle à un ex-prince hongrois en 2007. Quant à Antoinette, deuxième fiancée de Louis, héroïne de la pièce, on va la voir bannie de la Cour quand la "metromaniaque" Elvire fera son apparition dans la vie de Louis.

Les autres comparses, vous les connaissez tous : Johannes Strauss, tout compositeur et grand financier qu’il soit, sait chanter la beauté des belles et risquer sans cesse l’érotique aventure. Manolo, le vizir qui veut être calife, est bien celui qui règne en ces jours rue de Matignon. Il y a aussi, parmi plein d’autres seigneurs, l’inénarrable duc de Branlebour, ministre de Louis et chargé des causes désespérées. Bref vous avez deviné que nous voilà en très bonne compagnie.

Et tout cela, toute cette aventure que vont vivre et le roi et sa Cour, on le taira pour que demeure l’intérêt du lecteur. On se contentera de quelques citations alexandrines. Par exemple, dès le début, quand Manolo et Toinette sont en scène. C’est elle qui parle : Qui parle de tuer ? Juste de détrôner / Je lis dedans vos yeux ce brin d’avidité / Sans lequel il n’est pas de grandes ambitions / Vous ne l’ignorez pas, la haute fonction / Attend un homme fort et non un indolent.

Ce n’est qu’un exemple. Il faut tout lire et en bien rire. Il faut garder en mémoire cette tirade de Chimène qui, ambitionnant d’être reine, pérore en commençant toutes ses promesses par "Moi, reine"… et qui commence ainsi : Moi, Reine des François, soyez tous assurés / Que je rendrai pays en meilleure santé / Que dans le pauvre état où il me fut confié !

Pour tout vous dire, saisi de passion pour cette "tragi-parodie en trois actes augmentés d’un quatrième", je me suis souvenu avoir été comédien et, derechef, en ai aussitôt appris par coeur quelques longues et fortes tirades que je me dis le soir avant de m’endormir bienheureux.

Michel HUVET

Ce petit livre, on le trouve à Dijon dans la petite et belle librairie d’ouvrages anciens, Au Chat curieux, rue des Bons-Enfants ou chez l'auteur, 59 rue Berbisey (10€ + 2 € de port)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire