dimanche 20 janvier 2013

LA MACHINE À DÉ-CROIRE TOURNE À PLEIN RÉGIME


La Nativité de Robert Campain, dit le Maître de Flemale



La machine à dé-croire : c’est ainsi que le grand poète Michel Lagrange, l’ami de Soulages, le professeur émérite de Lettres, l’académicien dijonnais, parle de ce qui se passe aujourd’hui dans l’enseignement secondaire, on pourrait dire aussi dans les têtes dites bien faites qui hument l’air du temps et fricottent avec toutes les idées post-soixante-huitardes les plus éculées.

Mort de l’homme sans Dieu, disait à peu près Dostoïevsky. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Regardons autour de nous, partout, dans le monde politique, dans les états prétentieux, dans le commerce et le capitalisme effréné, dans la vie tout court, cette vie dont on croit pouvoir user et abuser comme si elle était un "bien" parmi les biens à consommer et non un don qu’il convient de préserver. Supprimons la vie avant la naissance, supprimons les vieux inutiles par l’euthanasie, supprimons la famille, fabriquons les enfants en fonction des désirs des uns et des autres.

Voici ce que Michel Lagrange a récemment raconté. Sans commentaires.

"Je me trouvais au Musée des Beaux-Arts de Dijon, lundi dernier, pour y écrire un texte, face au retable en bois sculpté de la Passion. Dans la même salle, durant les travaux du Musée, se trouvent quelques chefs-d’œuvre, dont la Nativité du Maître de Flemalle. 

"Une classe, plutôt bruyante, arrive, menée par quelques adultes. Les élèves, d’une quinzaine d’années, s’assoient par terre et l’un des accompagnateurs se met à commenter le tableau. Rapidement, superficiellement. Alors, un des accompagnateurs se détache des autres, et s’adresse à la jeune assistance. Il leur demande ce que représente ce tableau, et pourquoi il a été peint…. 

Je le vois venir avec ses idées que j’écoute, à l’écart de ce groupe. Le tableau a été peint, leur fait-il dire, pour faire croire au public de son temps en cette scène de la Nativité. Et vous, vous y croyez ? Non, bien sûr, murmurent les élèves. Pourquoi fallait-il croire à cette époque en ce genre d’épisode. Un élève répond que, sinon, on risquait la mort… ! De fil en aiguille, le commentateur  se met à parler de propagande, de conviction forcée, et d’ajouter, victorieux, qu’aujourd’hui, bien sûr, on ne croit plus. 

Je bouillais, j’aurais voulu intervenir, mais j’avais autant peur de mon emportement que de mon manque de courage. Et voilà comment on endoctrine les jeunes élèves, au nom d’une liberté soixante-huitarde qui n’est pas périmée. Aucun mot sur la beauté, sur l’œuvre d’art, son style, ses influences. Admirable machine à dé-croire, à profaner de jeunes cerveaux, qui n’ont de liberté que celle du vide et de la nullité spirituelle." 

Ne vous frottez pas les yeux : vous avez bien lu !

Michel HUVET


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