jeudi 1 septembre 2011

CERISY CONTRE "LA DÉFAITE DE LA PENSÉE"

Terminant à peine le dernier petit essai d’Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée (1), je pourrais perdre tout espoir quant à l’évolution humaine. Même si le philosophe a des analyses pertinentes, il s’emberlificote dans des digressions analytiques qui laissent l’impression que rien ne va plus aujourd’hui quand tout allait bien jadis, et que notre époque est celle qui met sur le même plan les prophéties de Victor Hugo et le dernier tube d’un rockeur.

Alain Finkielkraut


Quand Finkielkraut dit que "l’individu post-moderne a oublié que la liberté était autre chose que de pouvoir changer de chaîne", il n’a pas entièrement tort mais il est clair que son jugement est aussi celui de quelqu’un de profondément pessimiste et qui fait trop peu confiance à l’homme.

Je lis en même temps un gros livre publié chez Herman, De Pontigny à Cerisy, des lieux pour penser ensemble, qui me rappelle combien la Bourgogne, avec les décades de l’abbaye de Pontigny, a compté dans la nourriture de la pensée au début du XX° siècle, comme si les Copeau, Gide, Desjardins et autres "NRF" avaient anticipé les malheurs qui allaient leur survivre. Et, lisant les actes du colloque Pontigny, Cerisy (1910-2010), un siècle de rencontres au service de la pensée, j’en retire que rien n’est perdu pour la pensée.

Michel Wievorka


Surtout quand je lis Michel Wievorka, grand défenseur des sciences sociales, qui n’hésite pas à faire le même diagnostic que Finkielkraut mais pour en conclure le contraire. "La vie avec la pensée, dit ce dernier, cède doucement la place au face-à-face terrible et dérisoire du fanatique et du zombie". Et le premier dit, lui : "Nous sommes dans une période où la vie des idées se recompose et où s’ébauche un espace théorique ou général de débats".

Les sciences sociales sauveront-elles la philosophie ?

Michel HUVET

(1)  Folio, essais, 2010

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