lundi 21 juillet 2014

KOURTEV JOUE TCHAIKOVSKY... À VITTEAUX !


Atanas Kourtev et ses étudiants bulgares ont été reçus, avec Jean-Louis et Martine Chastaing, par le maire de Vitteaux à l'Office du Tourisme la veille du premier concert 

Dans le monde du piano, Atanas Kourtev est "le" maître absolu. Le digne représentant de la grande école russe du piano : élève de Sérébriakov à Saint-Petersbourg, ce Bulgare domine l’univers pianistique slave. Et voilà qu’entre un concerto joué avec la Philharmonie de Berlin ou des cours donnés à l’Académie de musique de Sofia, voire des leçons qu’il donne en tant que docteur en musicologie – il est le plus fin connaisseur de la pensée musicale de Scriabine –, voilà donc qu’Atanas Kourtev vient de stupéfier le public de la désormais célèbre Grange du Prieuré de … Vitteaux !

La cité médiévale de l’Auxois doit ce bonheur à Martine Chastaing, elle-même grande pianiste, qui a connu Atanas Kourtev il y a près de 40 ans à Paris et a gardé avec lui des liens d’amitié que le temps jamais n’a rompu. Il vient de débarquer dans l’Auxois avec trois de ses non moins illustres élèves – Pascal Pascalev, Svetlin Christov et Emmanuil Ivanov – pour des récitals d’une incroyable densité musicale (1). La Grange du Prieuré est ainsi devenue en quelques années un lieu absolument unique de qualité et de vérité musicales. Jean-Louis Chastaing et ses "amis" de la Grange sont peut-être dépassés par le succès, mais c’est pour le plus grand bonheur de ceux qui, au contraire des mélomanes parisiens ou dijonnais, savent qu’à Vitteaux ils côtoieront l’excellence.

L’injouable Grande Sonate…

Atanas Kourtev a donc joué dimanche dernier 20 juillet à Vitteaux, juste avant les trombes d’eau des orages venus de l’ouest. Sur le Bösendorfer des Chastaing, il a rendu à Tchaikovsky un hommage humaniste et grandiose. Des oeuvres peu connues en Occident, tel cet Aveu passionné de l’opus posthume ou ces extraits hivernaux des Saisons. Mais surtout, surtout, Atanas Kourtev a osé offrir aux afficionados de la Grange la réputée injouable Grande sonate opus 37 dans laquelle Tchaikovsky raconte les combats de son peuple pour se dégager du joug turc ou des misères qui l’assaillent sans cesse.

Kourtev, qui a douze mains, donne ainsi – plus de trente ans après Richter – une version de cette oeuvre à nulle autre pareille où la virtuosité est balayée par plus grand qu’elle, l’humanisme de l’interprète. Tout prend soudain du sens, de la hauteur, de la vérité, du très cavalier premier mouvement à la péroraison finale en passant par cet andante où l’on ne sait plus si les larmes sont des cristaux de joie ou d’angoisse.

Michel HUVET

(1) Récitals des “élèves” d’Atanais Kourtev : mardi 22 juillet à 18 h pour Pascal Pascalev (Liszt avec la Sonate en si), et jeudi 24 à 18 h pour Svetlin Christov (Beethoven opus 111, Scriabine et Berg) et Emmanuil Ivanov (Chopin, Brahms, Scriabine, Vladigerov et Debussy). Réservations au 03 80 49 05 14.



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