samedi 5 novembre 2011

DE CANNES À ASSISE : SOUVENIRS D'AUTOMNE


Photo Reuters


Le silence, parfois, vaut mieux que la logorrhée dont ce temps est prolixe. Le silence pour écouter la petite voix qui résonne en tout être, celle qui n’a pas le souci de l’apparence, celle qu’on s’efforce parfois de ne pas vouloir entendre, preuve qu’elle dit la vérité et qu’elle sait ce que nous nous efforçons de nous cacher à nous-même.

Le silence qui est toute musique, comme le vent dans les arbres d’automne qui laisse le solo au doux crépitement des feuilles rousses qui se détachent des branches et volètent jusqu’à terre en pluie nostalgique. Le silence qui nous éloigne enfin du vacarme médiatique dont le monde d’aujourd’hui souffre à l’évidence plus qu’il ne le croit. Le silence qui nous reconstruit.

Nous n’avons pas pourtant été sourds durant ces orages traversés où a dominé la peur, si mauvaise conseillère. Peur de la charia dans les pays dont les régimes ont été balayés par le souffle de la démocratie. Peur de manquer, là où l’abondance a trop longtemps régné : crise de l’euro, crise aussi de la démocratie elle-même. Significatif de constater – même si son projet était aussi de politique politicienne – comment l’idée de Papandreou de demander leur avis aux Grecs a jeté le trouble chez les repus du G20.

Il y eut, donc, le G20 sur la Croisette, après la nuit blanche bruxelloise. Au milieu d’eux, les grands patrons si préoccupés de leurs dividendes, les banquiers si préoccupés de leurs produits financiers. Et tout autour, loin du tapis rouge, les “altermondialistes” en colère qui tentent de faire entendre la voix des sans-voix, le cri des pauvres, l’assourdissante complainte des chômeurs, ces délaissés de l’injustice des puissants.



J’ai, alors, réécouté le chant qui est monté d’Assise III, cette mélodie de la fraternité des humbles suppliants. J’ai entendu la voix de ceux qui écoutaient encore la petite voix intérieure. J’ai même goûté les propos des athées ou de ceux qui se disent tels, à l’instar de Julia Kristeva, qu’on avait invité à se joindre aux priants de la ville de saint François. Ils ont dit, ceux-là, qu’il était temps que l’humanisme né des Lumières – et que ne comprit pas Joseph de Maistre – rejoigne enfin l’humanisme chrétien dont il s’était séparé pour le malheur des peuples au long des deux derniers siècles.

Et dans le fouillis de feuilles jaunies sur lesquelles j’ai marché, j’ai presque senti le souffle annonciateur du printemps.

Michel HUVET


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