jeudi 16 juin 2011

LES "CLIMATS" DE BOURGOGNE AU PATRIMOINE MONDIAL ?




Je ne sais pas si l’Unesco accordera aux "climats" de Bourgogne – de Beaune à Dijon – l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais ce que je sais, c’est que l’idée même de cette demande de classement est partie d’une extraordinaire conjonction de réflexions et de déductions interdisciplinaires, seule capable d’aboutir à cette idée culturelle des “climats”.

Les "climats", ce sont bien sûr, au départ, des territoires, des parcelles, des clos, des lieux d’appellation concernant ce vignoble exceptionnel et bimillénaire qui a fini par donner son nom au département qui les porte, Côte-d’Or. L’or des vignes, l’or des crus magnifiques devant lesquels s’inclinaient aussi bien Voltaire que Léopold Mozart, aussi bien Philippe-le-Bon que Napoléon.

Mais c’est aussi l’or spirituel : faut-il rappeler que le Clos-de-Vougeot a été d’abord le cellier des moines de Cîteaux dont les besoins en vin étaient importants (eucharistie, boisson des moines, réception de pauvres) et qui ont su cultiver ces arpents de calcaire et de soleil qu’ils ont trouvé à leur porte. Cet or spirituel a rayonné ensuite de par le monde, via Cluny, l’Hôtel-Dieu de Beaune, le cellier de Clairvaux à Dijon, les pressoirs à Chenôve…

Le colloque qui se tient les 17 et 18 juin 2011 à Dijon doit précisément "restituer" aux Bourguignons leurs “climats” en leur présentant un ouvrage paru aux Editions Universitaires de Dijon et qui a vu se mettre en place une recherche symbiotique : géologues, historiens, oenologues, archéologues, sociologues, historiens d’art ont uni leurs efforts pour aboutir à cette évidence enfin démontrée : que les "climats" de Bourgogne sont bien une valeur universelle exceptionnelle (VUE au sens de l’Unesco), et que ce qui se passe depuis deux mille ans dans ce petit bout de territoire bourguignon est bien un fait culturel et d’abord un fait culturel.

La seule chose qui m’ennuie et me gêne est la suivante : en classant les "climats" au patrimoine mondial, on se prive sans doute d’y voir un jour les “pleurants” de Sluter – même admirés en ce moment aux USA – ou le Puits des Prophètes à la Chartreuse de Champmol. Je suis têtu, non ?

Michel HUVET

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