dimanche 3 avril 2011

BRUNO FRAPPAT À LIRE D'URGENCE


Chaque chronique est illustrée des dessins "intérieurs" d'Annie Goetzinger


Il est une exception dans la grisaille des médias français : c’est L’Humeur des jours. C’est dans La Croix chaque samedi, et c’est signé Bruno Frappat. Si vous comprenez mal ce qui se passe, si vous ne savez pas bien dire ce que vous ressentez face à une actualité bousculée, si vous voulez passer un vrai dimanche de paix, alors ne manquez pas son propos hebdomadaire. Vous verrez que ce qu’il écrit, vous eussiez aimé savoir l’écrire, et que ce qu’il pense, vous le pensez avec lui !

Exemple : voici que le 11 mars 2011 avec cette centrale nucléaire nippone dévastée renvoie à cette autre date-clé de la courte histoire de ce siècle : le 11 septembre 2001.
Voici ce qu’écrit Bruno Frappat : 

"On saura plus tard celui de ces deux événements qui aura le plus interrogé l’homme sur lui-même. Sur son fanatisme, sa croyance, ses emballements, son rapport à la nature humaine et à la nature tout court, sur ses excès de suffisance. Événement politique dans un cas, le terrorisme et la haine, technologique dans l’autre, l’avenir de l’énergie nucléaire. Dans les deux cas, remise en cause de puissances établies, fragilisation de sécurités factices, le tout nourrissant une angoisse mondialisée. World Trade Center, fin d’une époque de paix et de stabilité qui n’aura duré que dix ans après la chute du mur de Berlin. Fukushima, fin d’une longue insouciance de décennies de gaspillage, de saccage sournois de la planète. 2001 nous avait laissés sans voix, 2011 nous laissera-t-elle sans avenir."

Sans avenir ? Plus rien d’autre, pas même une lueur d’espoir. Si ! Lisez plutôt : 

"Beaucoup cherchent ailleurs des solutions à l’inquiétude terrestre, des échappées aux déconvenues de l’ici-bas. Les uns le font pour fuir et se consoler, les autres parce qu’ils sont animés par une espérance qui court les siècles. Le ciel réel, derrière les nuages de nos pestilences, de nos bombardements, reste pur et bleu, comme au désert libyen. Ce ciel est habité par une pureté rafraîchissante, native, comme l’atteste n’importe quelle journée de printemps : et il en reste ! Mais il y a aussi le ciel des religions qui est bien plus que celui dont nous redoutons qu’il nous tombe sur la tête. Ce ciel est intérieur, intime, inépuisable, partageable par tous les morts et tous les vivants. Nul saccage ne le menace que celui de la désespérance."

Merci, Bruno Frappat.

Michel HUVET


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