Les mélomanes de haute
Côte-d’Or ont eu la chance, deux fois dans une église (Semur collégiale et
Montbard Saint-Urse) et une fois dans un théâtre (Châtillon-sur-Seine)
d’entendre cette merveille indéfinissable, aussi liturgique que cocasse, aussi
opératique que chambriste, qu’est la Petite
messe sollennelle de ce diable de Rossini.
Les interprètes étaient
des solistes et instrumentistes de haut vol (la plupart venus de la Maîtrise de
Radio-France) entourés de ce chœur dit « de Haute-Côte-d’Or » qui ne
cesse de grandir, d’étonner, de susciter louanges et que dirige aujourd’hui un
très grand professionnel qui a le bonheur de posséder une résidence secondaire
en terre d’Époisses, Jean-Christophe Hurtaud.
Dans ce théâtre châtillonnais
où l’acoutique s’est révélée impeccable – elle est d’une finesse certes un peu
sèche et ne pardonnant aucun défaut mais somptueusement agréable tant pour les
artistes que pour le public –, cette œuvre « pied-de-nez » de
l’auteur du Barbier de Séville a pris
les couleurs d’une incroyable modernité. Cela est dû au chef, bien sûr, mais
aussi au fait qu’il avait avec lui une pianiste très percutante comme Alberta
Alexandrescu et surtout au fait qu’il avait remplacé le traditionnel harmonium
par un accordéon diatonique (Michel Glasko), ce qui a ajouté comme un goût
citronné aux tuttis délicats du chœur.
Rossini et les chemins de traverse
On est ainsi passé par bien des chemins de traverse avec le signor Rossini : d’un kyrie tout en mélodismes doux-amers à un
Gloria aux arias subtilement
angéliques (tel le duo soprano-mezzo du Qui
tollis) puis à un Credo démentiel
où la foi se déclare en accents graves où se mêlent aussi bien Bach que Haydn,
Mozart que Cherubini. Puis après un Amen
gros comme un orage d’été, on enchaîna avec un Sanctus éminemment
serein avant un O salutaris chanté
par la soprano (Claudine Margely) comme une très émouvante prière, pour
conclure par un Agnus où se
retrouvent mêlés tous les chemins empruntés depuis le début, avec des rimes
sarcastiques au milieu des ineffables chœurs chantournés soutenant des solis
puissants (1)et des promesses d’accords parfaits. Magique !
On a hâte de demander à
Jean-Christope Hurtaud de revenir vite sur ces terres avec des œuvres nouvelles
et ce Chœur de Haute-Côte-d’Or qui, quand il sera renforcé en ténors et alti,
et qu’il travaillera vocalement encore plus qu’il ne le fait, pourra sans crainte soutenir la
comparaison avec les plus illustres.
Michel HUVET
(1) N’oublions pas, outre
ceux déjà cités, les taments de Brigitte Vinson, mezzo, et Marc Pansek, basse
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