Miracle dominical : en ces temps de malaise
social, d’intempéries, d’inondations, de deuils et de soucis, rencontrer le
Laostic relève effectivement de l’invraisemblable. La bernardine église Saint-Vorles
de Châtillon-sur-Seine impose sa paix avant que François Tainturier ne lance
sous les voûtes les premiers répons du X° siècle avec les voix quasi
instrumentales de ses choristes aguerris.
D’abord stupéfait, l’auditeur s’abandonne
petit à petit à cette paix qui le revêt soudain, dans le parfum d’une
polyphonie ornée d’Hildegarde von Bingen, et avant que ne s’assombrisse la
monodie médiévale grâce aux polyphonies à la quarte. On est enfin en paix, tout
peut se dire et s’entendre, on est en l’an 1300, la musique nous est donc
contemporaine et le Laostic révèle en quoi il est – depuis quarante ans – absolument unique dans le genre !
L’ensemble "amateur", qui a conquis les
plus hauts sommets des festivals prébaroques – Conques, Bruges,
Cordes-sur-Ciel, Silvacane, Sénanque, Fontenay –, est au-delà du
professionnalisme : dans le partage. Le public chante et répond en choeur,
jeunes et séniors à l’unisson, d’autant que le Laostic a précédé ce concert
d’une intrusion pédagogique dans les écoles châtillonnaises et que François
Tainturier n’a pas son pareil pour conquérir par ses mots et son ton les
publics les moins avertis.
Et cela fait donc quarante ans ou presque
que ce miracle se produit, que la paix gagne les coeurs des participants (on ne
peut plus dire les auditeurs), et que ce répertoire dit "ancien", qui culmine
in fine avec l’Ave Maria de Byrd (XVII° déjà !) après avoir traversé les
polychoralités et autres hoquets de l’École de Notre-Dame, impose son évidente
transcendance sonore.
Michel HUVET
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