À Semur, le Dixit dominus de Haendel ... |
Tandis que Dijon, sous la
chaleur, est un désert culturel invraisemblable, il est des lieux où la
musique, la vraie, envoie des éclairs de qualité, des grondements de foule et
des orages d’émotion : c’est l’Auxois. Trois rencontres éblouissantes, à
titre d’exemple.
Semur
Semur, la perle, la ville
historique qui sait vivre au présent. Une basilique pleine à craquer. C’est le
dernier soir des "Musicales en Auxois", et Franck-Emmanuel Comte, le génial
enfant du pays, offre l’excellence baroque avec son Concert de L’Hostel-Dieu,
ses voix superbes, son orchestre où clavecin, orgue, viole de gambe, basse et
trompette donnent des vertiges émotionnels ! Bach (Christ lag in Todesbanden) et Scarlatti (Il primo
omicidio) préparent le ciel des âmes au Dixit Dominus de Haendel qui transcende
le baroque flamboyant en arcs-en-ciel contemporains.
Thil
Thil et sa collégiale
dont la colline est menacée par des éoliennes : la septième académie d’été
d’Anne-Marie Blanzat déplace les foules pour ses deux concerts de clôture que
sépare un pique-nique convivial. Des voix venues de toute la France qui se
répondent en stylistiques différentes et variées, de Rameau à Bernstein en
passant par Mozart, Strawinsky, Lully ou Pergolèse ! Le public est appelé
à voter pour celui ou celle qui donnera un récital en automne à Précy : ce
pourrait être Morgane Paquette (Le Rossignol strawinskien…), Catherine Gasse la
mezzo wagnérienne, l’excellente Laure Pauliat (de Schubert à Offenbach sans
difficulté !), voire l’inattendue et très locale Louise Percheron dont le
Serse haendelien a subjugué l’auditoire.
Vitteaux
Et puis, à Vitteaux, la
fameuse Grange du Prieuré qui ne relâche même pas l’été. Voici les sommets du
piano interprétés par une jeune lauréate dijonnaise – une élève de Thierry
Rosbach, excusez du peu – qui prépare son concours du master bruxellois à la
fin du mois : Audrey Dumont, sur un Yamaha très sonnant, modernise tout le
répertoire, fait sonner Rachmaninov comme un orchestre symphonique, accélère
les battements de cœur patriotiques de Chopin, et noie les auditeurs dans les
abîmes marins où résonnent les cloches de la debussyste Cathédrale engloutie.
A croire que cet été, il n’y avait qu’en Auxois
qu’on pouvait ainsi grimper culturellement vers les sommets.
Michel HUVET
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