mercredi 19 août 2015

AUXOIS L'ÉTÉ : TROIS CHOCS MUSICAUX


À Semur, le Dixit dominus de Haendel ...
Tandis que Dijon, sous la chaleur, est un désert culturel invraisemblable, il est des lieux où la musique, la vraie, envoie des éclairs de qualité, des grondements de foule et des orages d’émotion : c’est l’Auxois. Trois rencontres éblouissantes, à titre d’exemple.

Semur

Semur, la perle, la ville historique qui sait vivre au présent. Une basilique pleine à craquer. C’est le dernier soir des "Musicales en Auxois", et Franck-Emmanuel Comte, le génial enfant du pays, offre l’excellence baroque avec son Concert de L’Hostel-Dieu, ses voix superbes, son orchestre où clavecin, orgue, viole de gambe, basse et trompette donnent des vertiges émotionnels !  Bach (Christ lag in Todesbanden) et Scarlatti (Il primo omicidio) préparent le ciel des âmes au Dixit Dominus de Haendel qui transcende le baroque flamboyant en arcs-en-ciel contemporains.

Thil

Thil et sa collégiale dont la colline est menacée par des éoliennes : la septième académie d’été d’Anne-Marie Blanzat déplace les foules pour ses deux concerts de clôture que sépare un pique-nique convivial. Des voix venues de toute la France qui se répondent en stylistiques différentes et variées, de Rameau à Bernstein en passant par Mozart, Strawinsky, Lully ou Pergolèse ! Le public est appelé à voter pour celui ou celle qui donnera un récital en automne à Précy : ce pourrait être Morgane Paquette (Le Rossignol strawinskien…), Catherine Gasse la mezzo wagnérienne, l’excellente Laure Pauliat (de Schubert à Offenbach sans difficulté !), voire l’inattendue et très locale Louise Percheron dont le Serse haendelien a subjugué l’auditoire.

Vitteaux

Et puis, à Vitteaux, la fameuse Grange du Prieuré qui ne relâche même pas l’été. Voici les sommets du piano interprétés par une jeune lauréate dijonnaise – une élève de Thierry Rosbach, excusez du peu – qui prépare son concours du master bruxellois à la fin du mois : Audrey Dumont, sur un Yamaha très sonnant, modernise tout le répertoire, fait sonner Rachmaninov comme un orchestre symphonique, accélère les battements de cœur patriotiques de Chopin, et noie les auditeurs dans les abîmes marins où résonnent les cloches de la debussyste Cathédrale engloutie.

A croire que cet été, il n’y avait qu’en Auxois qu’on pouvait ainsi grimper culturellement vers les sommets.


Michel HUVET



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