Le Carrousel des Moutons au Théâtre des Roches (Photo MH) |
Le ciel bleu est embrasé comme on ne le
voit que dans l’Auxois et comme César a du le voir un certain soir où, vert de
rage, Totor le narguait plus encore que d’habitude.
Ce ciel qui se crépusculise à petits feux
éclaire le plateau où la haute statue du héros s’assombrit. Tout autour, la
foule : des enfants émerveillés par une fanfare de virtuoses qui conduit le bal
des spectacles, des parents qui ne savent plus où regarder et qui terminent un
de ces petits plats de cochon grillé aux frites savoureuses, des grands-parents
qui s’assoient dans l’herbe sèche et retrouvent les saveurs de leur jeunesse…
Le piano qui vole
La nuit, à Alesia, est peplum ou n’est pas.
Des dizaines de bénévoles assurent, avec le sourire aux lèvres et la joie dans
le coeur, la circulation et le parking, la distribution des tickets du bonheur
à voir et à manger, l’accompagnement des deux mille spectateurs, pas moins, qui
se pressent là-haut, au pied de Totor, et vont en voir, jusque tard dans la
nuit enveloppante, de toutes les couleurs.
Lieu magique que ce Théâtre des Roches, et
voilà que la foule présente retient son souffle et entre dans le rêve. Comme le
petit prince de Saint-Ex, voilà que le dormeur sort d’une drôle de planète : un
piano à queue que joue une fée en apesanteur et que les songes du dormeur
acrobate vont faire lever, tournoyer, quasiment danser au long des acrobaties
et autres facéties du rêveur éveillé qui danse, hip-hopise, tournoie, chute,
danse, mime tandis que la fée joue inlassablement. La poésie des flamands
D’Irque et Fien touche et émeut.
Alésia en feu
La nuit peplum n’est pas achevée. La lune
est accrochée à la cime des hauts arbres qui font la haie d’honneur à Totor
impassible mais qu’on sent ravi de l’aubaine. À ses pieds, dans un coin
vallonné, toute l’histoire de l’humaine fragilité se déroule aux sons des
musiques les plus diverses (sarabandes baroques, rocks endiablés, refrains
africains ou danses rituelles) : histoire du feu. Il y en a partout, du feu, au
bout des bras des danseurs, sur le sol, dans les airs, des boules ou des étoiles,
et c’est le feu qui danse, et si les danseurs de La Sarabande bisontine n’en
ressortent pas grillés, c’est qu’il y a des dieux qui veillent sur Alésia.
Au bout de ces spectacles à suspense et
d’une qualité supérieure, de ces spectacles de rue devenus fête champêtre,
petits et grands ont les yeux qui piquent mais trouvent encore la force de
danser devant de festifs musiciens – Urgo et les Straps – qui ont tout le répertoire imaginable
au bout des doigts.
Incontournable, si on le veut
À tous ceux qui n’ont pas compris, parce
qu’ils n’y viennent pas, que les Nuits Peplum sont une aventure culturelle hors
du commun et sans pareil dans la qualité, la conception et
l’intergénérationnel, que Vieilles charrues ou Châlon dans la rue pourraient être battus à
plates coutures si les élus y croyaient, que ce “Voyage à Alésia” est une richesse culturelle et
touristique pour toute la région, il faut dire, redire et crier que l’on tient
là de quoi devenir – pour peu que les coqs politiques arrêtent de se crier
dessus – un de ces événements estivaux susceptibles de faire de l’Auxois un rendez-vous estival français incontournable.
Michel HUVET
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