Les Musicales en Auxois forment un festival
assez unique en France. Franck-Emmanuel Comte mélange à loisir les genres, les
époques et les instrumentations tout comme il mélange les lieux patrimoniaux ou
naturels de son cher Auxois. Après la magistrale interprétation de la Messe
solennelle de Mozart à l’abbaye de Fontenay, imaginez le rendez-vous qui a eu
lieu quelques jours plus tard au château de Sainte-Colombe, à 9 h du matin,
dans la cour que caressaient déjà les rayons d’un chaud soleil.
Entre deux jours
70 personnes étaient là, croissant et café
en mains, avant de laisser monter, lentement, des sons venus du fond des Indes,
un sifflement doux comme un zéphyr issu d’un tour de vase en cristal, une "pédale" grave venue d’un harmonium du Radhjastan, quelques mélodies d’oiseaux
venus d’une flûte indienne à cinq trous, quelques rythmes issus de tambours en
peau, des tâlas, qui venaient de loin, de si loin…
Et cela a duré ce que durent les prières :
un temps hors du temps. Miracle obtenu par Patrick Rudant, le flûtiste, et ses
compères Jérôme Canet et Martin Labbé. Dans la cour du château d’Arcade, on
respirait un autre air, on s’allégeait de mille fardeaux inutiles, on laissait
enfin au repos une raison qui n’avait plus lieu d’être. En repartant, on était stupéfait de découvrir
que cet ensemble au joli nom d’Entre deux jours avait participé au CD
enregistré par F.-E. Comte et son Concert de l’Hospital, les échos de l’Inde se
mêlant avantageusement aux Leçons de ténèbres de Couperin !
Retrouvailles
Du coup, pareils concerts – mais il faudrait
un autre nom pour définir ces lieux de retrouvailles mélophiliques – forgent
une identité à un public très varié, lui donnent des repères amicaux et des
complicités secrètes. Touristes ou habitants de l’Auxois, peu importe, ils se
retrouvent ainsi de jour en jour, de soir en soir, à Bussy ou à Grosbois, à
Semur ou à Montbard, à Sainte-Sabine ou à Marigny-le-Cahouet, et sont tour à
tour tziganes d’aujourd’hui ou courtisans de la Renaissance, swinguant ici avec
Rameau ou chantant là avec Rossini.
On revit.
Michel HUVET
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