|
François Sauvadet président du conseil général de la Côte-d'Or
(Photo Infos Dijon) |
En prenant la tête de la rébellion contre
le redécoupage cantonal et la modification de la loi électorale, François
Sauvadet veut défendre les cantons ruraux, tenter de sauver ce qui reste de la
vie démocratique en zone rurale. C’est beau et juste. Il y met toutes ses
convictions et on sait qu’il ne ment pas, lui le fils de paysan de Chanceaux. Seulement
voilà, son projet de loi risque d’être retoqué par le conseil constitutionnel,
au motif vraisemblable qu’une loi votée
par l’Assemblée et le Sénat ne saurait être censurée : les élus incarnent la
légitimité, et si un seul parti a la majorité, c’est la faute des électeurs et
d’eux seuls !
Il n’empêche que la modification probable
de la loi électorale fait que s’agitent aujourd’hui bien des conseillers
généraux, d’ici et d’ailleurs : ces projets de réforme électorale leur cassent
le cou. Voilà donc les élus cantonaux qui sortent du bois et montrent qu’ils
existent, quitte à renier leur territoire. Pourquoi croyez-vous qu’on voit
ainsi frétiller, en Côte-d’Or, ces tenants de bastions cantonaux ? Parce qu’ils
craignent d’être dépossédés de leur rente, à tout le moins de voir leur canton
rayé de la carte puisque deux cantons actuels n’en feront plus qu’un demain et
qu’en plus les élus devront les partager avec une femme, oui, une femme !
|
Claude Vinot (photo X) |
Et voilà pourquoi montent sur la scène des
municipales, dans une grande ville comme Dijon, et en avant-première, des élus
ruraux que la ville connaît à peine. À l’instar d’Emmanuel Bichot (UMP), élu de
Beaune Sud, dont l’avenir beaunois est bouché par la position dominante d’Alain
Suguenot (député maire de la sous-préfecture) et qui s’est mis en tête de venir
contester la mairie de Dijon à François Rebsamen. Pareil aussi pour le sénateur
Alain Houpert, élu du moins peuplé des cantons de Côte-d’Or
(Grancey-le-Château) et qui, natif de Dijon, travaillant à Dijon, a soudain la
même ambition. On a même vu se présenter en soutien d’Emmanuel Bichot, un
conseiller général lointain, Claude Vinot (Montigny-sur-Aube) qui, tout-à-coup,
se verrait bien adjoint au maire de Dijon !
La valse urbaine des ruraux ne fait que
commencer. Même François Sauvadet, cramponné à son fief de Vitteaux, sent
trembler ses bases en se disant qu’il va lui falloir partager la terre avec
Précy-sous-Thil. Et que ce système de binomes par grands cantons va forcément
mettre en péril sa présidence du conseil général qui n’aura plus rien de
général puisque la loi le transformera en conseil départemental. Quel
changement, quelle valse, que d’émois !
Cela me rappelle le tohu-bohu déclenché en
son temps par le ministre Jean-Pierre Chevènement qui, au congrès des
présidents de départements à Deauville, annonçait déjà la mort du-dit conseil
général et son remplacement par une assemblée des communautés de communes, aïe,
aïe, aïe ! Si l’on a bien compris ce qu’a dit l’autre soir le président
Hollande, c’est même la mort des départements qui serait programmée, les
métropoles devenant seules toutes puissantes.
Dans tout ce remue-méninges, on ne sait qui
a tort ou raison. On regarde s’agiter les poissons élus dans le bocal politique
avec un certain sourire au coin des lèvres : la France, décidément, n’est pas
réformable.
Michel HUVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire