dimanche 10 juillet 2011

OTTO DE HABSBOURG : LA MORT DU DUC DE BOURGOGNE

Karl et Otto de Habsbourg siégeant au Parlement européen



Il incarnait la liberté, il incarnait l’Europe, il incarnait l’espoir de paix. Otto de Habsbourg était, certes, le fils aîné du dernier empereur régnant d’Autriche, le chef d’une Maison qui a tenu fermement l’Europe en mains pendant des siècles mais aussi le descendant … des ducs Valois de Bourgogne.

Car enfin, a-t-on oublié que Otto de Habsbourg descend en ligne directe de … Philippe le Bon (dont la petite fille, Marie, épousa Maximilien de Habsbourg, futur empereur romain germanique, grand père de Charles-Quint), le fondateur de l’Ordre de la Toison d’or dont il n’a jamais oublié son idéal européen et pacifique.

C’est ainsi qu’en 2007, pour la Saint-André, Otto et son fils Karl, devenu grand maître de l’Ordre toujours vivace, sont venus à Dijon : le vieux prince voulait absolument renouer avec la capitale ducale où Philippe-le-Bon installa en 1430, dans la Sainte-Chapelle de Dijon, le premier chapitre de l’Ordre. Et l’on vit défiler à nouveau, de Notre-Dame au palais ducal, collier au cou, ces chevaliers contemporains qui étaient venus de toute l’Europe prier saint André.

Lors de ce séjour, qui avait été longuement préparé par son fils Karl, Otto fit des apparitions au château du Clos-de-Vougeot, s’en vint sous le chapiteau du Salon du Livre raconter comment il avait résisté au nazisme et combattu l’Anschluss, et comment, devenu député européen il avait relancé tous azimuts l’idéal des ducs de Bourgogne pour une Europe unie et pacifique.

Otto de Habsbourg reçu par le pape Jean-Paul II à Rome


Devant l’archevêque de Dijon, devant son père Otto et les chevaliers de l’Ordre, Karl de Habsbourg s’adressa à la population de Dijon comme en son temps son « grand-père » Philippe le Bon :

« Quand le fondateur de l’Ordre, Philippe le Bon duc de Bourgogne, a donné ses règles à l’Ordre de la Toison d’or, il a mis deux idées pour le commencement : d’un côté, bien sûr, la protection, le support de la foi, la protection de la sainte Église catholique ; mais de l’autre côté, bien sûr aussi, la création d’une institution politique dont la plus importante tâche sera de protéger et de créer la paix entre les différents pays, de créer une institution qui sera extraterritoriale – qui comptait parmi les chevaliers de l’Ordre des souverains des différents pays qui étaient dans la région. De créer avec cela, vraiment, une région de la paix, une région qui a commencé avec le développement de la Renaissance et qui a commencé vraiment avec le vrai développement de l’Europe comme nous le savons aujourd’hui ».

Otto vient de mourir à l’âge de 98 ans. La Bourgogne, l’Europe, ne l’oublieront pas.

Michel HUVET

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