Une heure trente durent, dans un caravansérail
de costumes, de papiers, de masques, de boites de conserve vides, l’histoire de
l’Homme (et des arts … premiers) est contée en onze tableaux dont nous devrons
être, nous, parvenus au bord de l’abîme climatique, les auteurs du douzième.
Sophie Renauld, à l’imaginaire débridé par des connaissances universelles, s’en
donne vraiment à coeur joie dans cette évocation cabaretesque des rapports entre
l’Histoire, l’Art, la Femme et le Temps.
Sur la mer de l'hier et de l'avant-hier
Photo TGB |
Avec elle, Eric Ferrand fait vibrer sur ses
instruments inavouables la corde sensible de toute âme humaine, des quintes
égyptiennes aux rocks hallidayens. Nicolas Hanny débusque dans tous les
greniers de l’histoire les objets les plus insolites qui vont évoquer les
marques artistiques de tous les temps (sculpture, projection lumineuse,
peinture, mots) et Hélène Poulain regle sur scène toute la magie régisseuse de
tout spectacle !
On est totalement embarqué sur ce navire
d’aujourd’hui navigant comme il peut sur la mer démontée de l’hier comme de
l’avant-hier, et nous devenons des enfants à l’imaginaire déclenché par un
masque de loup ou une robe de Cour. On est au bord du pastiche, on sourit en
retrouvant une Isis momifiée de rubans, la mandorle médiévale où Marie
essoufflée tente de soutenir le corps de Jésus , la tirade alexandrine de
Bérénice traitée ici au troisième degré de la diction, le silence assourdissant
d’une présence beckettienne sur la scène, j’en passe et de bien meilleures
oeuvres pour faire regretter de n’avoir pas assisté à ce spectacle à ceux qui
n’ont pas osé.
Ces Vivants lézards, en tout cas,
démontrent joyeusement combien sont vivants les arts.
Michel HUVET
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