Coup de balai, oui, et quel ! Depuis la
bourrasque de la fantastique chevauchée macronienne — une start-up affolante
que j’avais annoncée dès décembre —, on ne peut que constater la ringardise qui
affuble désormais les vieux partis, boursouflés, anéantis, hoquetant, dont les
patrons se ridiculisent encore plus en donnant des consignes dont tous leurs
membres se contrefichent. Un vent curieux s’est levé, qui emporte tout sur son
passage.
Et voici que s’annoncent
les élections législatives. Et que le charivari national s’installe en
Côte-d’Or. Personne ne s’y retrouve, et des guerres fratricides ont été
déclarées, qui ne veulent pas dire leur nom mais qui fragilisent encore plus
les bastions et ceux qui y font le guet. La municipalité dijonnaise elle-même
en perd un latin qu’elle avait mis si longtemps à imposer (l’union) et l’on
voit des adjoints au maire se concurrencer dans les circonsriptions, bref une
pagaille qui ne pourra que laisser de vilaines traces une fois terminée la
partie de poker menteur.
1ère
circonsription
C’est une pétaudière. Une récente émission de France 3
Bourgogne (en lien avec Le Bien Public et son très serein et talentueux
Bertrand Lhote) a révélé ce chaos politique : François-Xavier Fugourd (candidat
« libre » ex-LR et doté d’un suppléant ex-UDI façon Macron)
s’abritant astucieusement derrière le député sortant PS Laurent Grandguillaume
pour dénier à Anne Erschens (LR) sa légitimité territoriale sous les regards en
chiens de faïence de deux adjoints « macroniens » de François
Rebsamen, l’inattendu Didier Martin (ex-PRG) et la très astucieuse Sladana
Zivkovic (PS + En marche grâce à son suppléant). On ne peut pas faire pire dans
l’imbroglio. Ça va, vous vous y retrouvez ?
2° circonscription
C’est
un peu plus simple. Quoique. Il eut été naturel que le député sortant Remi
Delatte parte vers sa réélection en prenant Anne Eerschens pour suppléante,
mais non, il a envoyé cette dernière sur la 1ère. Du coup, son
suppléant sera le président des maires de Côte-d’Or, Ludovic Rochette,
conseiller départemental de surcroît. L’affrontement se fera avec Pierre
Pribetich, adjoint PS de Dijon et ancien député européen, sans oublier que là
encore, les macroniens de Danièle Juban (autre adjointe au maire de Dijon) y
ont investi un candidat (François Desseille, autre adjoint de Dijon) qui fait
qu’on n’y comprend plus rien. Et qu’on se demande si François Rebsamen n’est
pas, cette fois, complètement dépassé.
3° circonscription
La
belle circonscription reste marquée par les mandats de Roland Carraz. Et là, on
avait jusqu’ici Kheira Bouziane (PS, façon frondeuse) qui a très bien travaillé
au Palais Bourbon et dont on ne voit pas pourquoi elle n’aurait pas eu le droit
de continuer. Mais non. Pour contrer la LR Pascale Caravel — qui avait, il y a
cinq ans, failli l’emporter comme Lucien Brenot l’avait fait en 1993 —, revoilà la bousculade. Une autre
adjointe au maire de Dijon ( !), Anne Dillenseger, est investie par le PS
pour damer le pion de Kheira Bouziane, mais ce n’est pas tout et il ne faut
pas oublier les marcheurs, et donc Fadila Khattabi, inconnue qui ne tardera pas
à accéder à la notoriété tant son tempérament a l’air conquérant ! Sans
oublier, ici, le candidat mélanchonien et bien nommé Boris Obama qui saura
faire fructifier les scores du premier tour de la présidentielle. Vous suivez
toujours ?
4° circonscription
Celle-là est une des plus grosses de France (343 communes, 17 anciens cantons)
et avait été offerte sur un plateau d’argent en 1993 à François Sauvadet par
Gilbert Mathieu. En jachère depuis la démission d’icelui en 2016, elle aspire à
un vrai défenseur de son territoire rural et elle l’a trouvé en la personne du
maire de Châtillon-sur-Seine, Hubert Brigand, vice-président du conseil
départemental et qui a mis cette « ruralité en avant » pour bien
montrer qu’au-delà des partis, l’intérêt du territoire est primordial. Investi
par LR au plan départemental, Hubert Brigand s’est vu non investi par les
chères élites parisiennes au profit du sous-lieutenant de l’ancien député, le dijonnais
Charles Barrière, qui a une pharmacie à Is-sur-Tille. Et pan sur le bec !
Face à eux deux, l’incontournable maire de Venarey, Patrick Molinoz, par
ailleurs vice-président du conseil régional, qui est investi par le PS mais ne
cache pas son attirance macronienne, même si les marcheurs lui opposent ici
Yolande de Courson maire d’Arrans (avec un suppléant venu du PRG !). Cela
fait d’autant plus de monde que la gauche a estampillé des candidats du PCF, de
FI ou de NPA et des Verts, sans oublier que là aussi Marine-qui-prie-à-Reims a
investi Sylvie Beaulieu. Vous n’avez pas trop le tournis ?
5° circonscription
On
dira que celle-là est celle de la sagesse. Sentant bien que la ringardisation
ambiante, ajoutée à la déliquescence partisane autant qu’à l’usure aggravée, ne
lui serait pas forcément favorable, le maire de Beaune Alain Suguenot a décidé
de garder sa mairie plutôt que de retourner sur les bancs de la future
Assemblée nationale. Du coup, c’est son suppléant Hubert Poullot qui se lance
pour LR avec … Alain Suguenot comme suppléant. Subtil, non ? La bataille sera
rehaussée par la présence, au nom des marcheurs macroniens, de l’ancien
sous-préfet Didier Paris, sans oublier que tous les partis ont investi ici un
candidat, FN, PS, FI, Verts, etc. Ouf, on a enfin fait le tour !
Sauf qu’il ne faut pas
oublier également que, pour que les candidats figurent au second tour, il leur
faudra atteindre au moins 12, 5% des inscrits, ce qui, au vu nombre de candidats,
ne garantit aucunement une triangulaire voire un duel ! Et même s’ils ont
lieu, gare aux reports de voix qui risquent parfois d’être assez inattendus !
Michel HUVET