"Pleurants, deuillants" de Michel Lagrange avec les photos de Pierre Beros |
Ce nouveau musée dijonnais est réussi. Il
est beau. Les oeuvres médiévales ont retrouvé un écrin digne d’elles et de la
fabuleuse histoire de la Bourgogne. Et Sophie Jugie aura réussi à tenir à bout
de bras un musée dont elle n’ignorait rien du prestigieux passé et dont elle
est aujourd’hui la directrice enfin comblée. Oui, tout cela est génial,
magnifique, et le bar de la cour de … Bar est aussi le bienvenu, etc, etc.
On nous dit révélation, musée “révélé”.
C’est vrai que, depuis les lamentations de Pierre Quarré, celui qui était selon
ses dires “le premier musée de France après le Louvre” await bien été
rétrogradé. La Donation Granville a, un temps, fait illusion, mais le mal était
fait : dans ce palais ducal, le musée étouffait et ses plus riches collections
dormaient dans ses caves. Grâces soient dont rendues à François Rebsamen et ses
communicants, qui ont su priver les Dijonnais des
pleurants des tombeaux ducaux en les consolant par la vision des foules qu'ils ont réunies aux USA et dans l’ancienne Bourgogne “d’en haut”.
Du coup, on entend moins les grincements de
tiroir-caisse des commerçants de la rue de la Liberté, on s’accommode tant bien
que mal de la disparition des pavés de la cour de Bar, on oublie les 2 200
euros que doit chacun des Dijonnais laissera en héritage à ses enfants pour
combler la dette de la Ville, on s’incline devant les transformations survenues
dans la ville de Rameau en dix ans, et on s’en va toucher la chouette près de la
Maison Millière, et l’on s’apprête à défiler encore derrière la Vierge noire
qui tant sauva Dijon.
Le Palais ducal avant la Révolution française |
Et voici qu’on tombe, tout à fait par
hasard, sur une gravure représentant le palais ducal au temps de Louis XV. La
statue du roi est sur la place, se dressant devant la tour qui tant défia la
royauté trois cents ans plus tôt. Une porte immense protège l’entrée du palais
à droite et cache la façade de Saint-Michel. Quant à l’aile actuelle du musée,
elle est encore flanquée de tours à escaliers qu’on enlèvera bien vite en même
temps que … la Sainte-Chapelle (aujourd’hui grand-théâtre et place Rameau) que
les raisonneurs montagnards décidèrent de démolir au début de l’Empire.
Dijon semble ne pas changer. Et pourtant…
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