vendredi 2 décembre 2011

JEAN-PHILIPPE RAMEAU À DIJON : LE RETOUR



La musique baroque est totalement implantée en Bourgogne et particulièrement à Dijon. Quel chemin parcouru, si l’on songe au premier débat sur la question de la "musique ancienne" qui s’était déroulé lors de l’année Rameau en 1983 dans la salle des États à Dijon !

Les mélomanes (et les musiciens) étaient sceptiques. Comment pouvait-on savoir que le la était alors à 400 vibrations contre 444 ? Comment pouvait-on affirmer que les boyaux de chat valaient mieux que les nylons modernes sur les cordes des violes et autres gambes ? À l’époque, Rameau était méconnu, inconnu, délaissé. Quelques chorales chantaient encore La Nuit mais sans bien savoir d’où cette page était tirée, et les opéras du-dit étaient considérés comme ennuyeux, injouables et désuets.

Quel chemin parcouru ! Aujourd’hui, la musique baroque a envahi les conservatoires et les salles de concert. On joue Les Indes galantes de Rameau au Metropolitan Opéra de New-York devant des salles combles. On redécouvre une pléïade de musiciens oubliés. Les jeunes sacquebouteux de Quétigny font la gloire des festivals huppés de Provence sous le nom de Laostic – merci François Tainturier –, et les jeunes maîtrisiens dijonnais chantent des messes de Charles d’Ambleville ou du châlonnais Pierre Colin avec les professionnels de l’Ensemble Gilles-Binchois…

Et ce n’est qu’un début. Dijon prépare le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Rameau en 2014 avec un programme à faire pâlir les Folles Journées de Nantes. Etienne Meyer, chef et ténor bien connu, offre dans toute la Côte-d’Or des soirées de danse ancienne et de musique baroque (Les Traversées baroques)…



Et puis voici Patrick Ayrton. Un phénomène. De ces musiciens comme on en rencontrait partout aux XVII° et XVIII° siècles, sachant jouer de tous les instruments, composant, dirigeant, tous des "avant-Mozart" incroyablement doués et entreprenants. Le dit Ayrton a dirigé déjà à l’Auditorium de Dijon, c’est lui qui a redécouvert Joseph Touchemoulin (1727/1801), bourguignon très célèbre en son temps, dont il a dirigé une oeuvre majeure lors du dernier concert de l’Orchestre Dijon Bourgogne.

C’est lui, enfin, qui fait venir à Dijon la diva américaine Claron Mc Fadden pour un concert avec son ensemble Les Inventions. On y entendra des cantates d’un certain Thomas-Louis Bourgeois – Dijonnais qui travailla longtemps avec Claude Rameau, le frère de Jean-Philippe – et bien sûr du Rameau avec des extraits de la désopilante comédie lyrique Platée.

Il serait temps de nettoyer la statue de Rameau sur la place qui jouxte le théâtre de Dijon, ainsi que la plaque (trop haute) qui rappelle sa naissance au-dessus d’un portail de la rue Vaillant !

Michel HUVET


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