J’ai évoqué récemment la nécessaire commémoration par Dijon du centenaire d’André Ameller, musicien, compositeur, directeur du conservatoire de cette ville. J’aurais pu citer aussi Henri Vincenot, l’auteur de La Billebaude, ou Roger Gouze, tous nés eux aussi en 1912.
Sans oublier celui qui a marqué deux générations avec Jours de fête et le Journal du barbare, Roger Boutefeu, devenu bourguignon sur le tard quand cet ancien anarchiste et combattant avec les républicains espagnols s’en vint s’installer avec ses cinq enfants à Agey, dans le bas de Sombernon.
Roger Boutefeu était un ami. Du vieil anarchiste – ce qui lui valut la prison à la Santé à Paris après guerre – il avait gardé son franc-parler et un humour qui en dérangea certains, notamment à la Société des Auteurs de Bourgogne où il avait rejoint Lucien Hérard et Roger Brain.
Le Dictionnaire international de Anarchistes le décrit ainsi : "Fils d’un caoutchoutier, Roger Boutefeu, avait eu une enfance miséreuse et fut très jeune sur le ‘’trimard’’. C’est sur la route qu’il avait eu ses premiers contacts avec des bucherons libertaires. Il demeurait à Paris avant la Seconde Guerre mondiale et travaillait comme sangleur dans une entreprise de presse. Il fut, en 1933, gérant de Rectitude, organe de la Ligue des objecteurs de conscience, fondée par G. Leretour, où il écrivait sous le pseudonyme de A. Duret.
Volontaire en Espagne à l’été 1936, il envoya plusieurs articles et comptes rendus auLibertaire. Revenu en France il fut, de septembre 1937 à août 1938, gérant du Libertaire et, en 1939, membre de la commission administrative de l’Union anarchiste. Il fut également un des secrétaires de la Jeunesse anarchiste et comptait parmi les orateurs du mouvement qui intervenait régulièrement dans les meetings de l’UA et des Jeunesses. Il demeurait à cette époque 83 rue de Belleville (Paris 20). En 1938, avec Georges Gourdin il fut le responsable du bulletin L’Exploité (Paris, n°1, 17 mars 1938) organe des groupes d’usines de l’Union anarchiste, dont un deuxième numéro devant paraître le 8 avril n’a pas été retrouvé.
Condamné en janvier 1939 à douze et dix-huit mois de prison pour "provocation de militaires à la désobéissance dans le but de propagande anarchiste", il se convertit au catholicisme pendant sa détention à la prison de la Santé. »
Je garde précieusement les lettres de cet ami hors du commun qui signait toujours par cette formule : “Mes deux mains”.
Michel HUVET
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