vendredi 16 septembre 2011

PRIMAIRES PS : LA POLITIQUE RÉHABILITÉE




Ce débat des six candidats aux primaires socialistes est, partout ce matin, commenté avec une mauvaise foi évidente. Rendez-vous compte : "Il n’y a pas eu d’éclat" dit l’un, obsédé par les coups bas et les petites phrases qui font désormais le miel des médias, occultant l’essentiel qui ne les intéresse plus. "Ce fut parfois ennuyeux" dit l’autre, qui doit se dire qu’un débat sérieux sur le fond ne va pas faire augmenter son tirage.

L’honnêteté intellectuelle oblige à dire que ce débat, qu’on aime ou pas les socialistes, a été d’une très bonne densité de réflexion politique. Cette présentation à six voix d’un programme discutable, mais plein d’envie de ne pas promettre de raser gratis, m’est même apparu comme susceptible de réconcilier une partie de l’électorat avec la politique. Enfin on est revenu au fond  ! Et cela a fait soudain un bien fou.

L’autre fait, c’est que ces primaires sont, en France, une grande première. Un bon point pour la démocratie. Dommage, pensera-t-on, que la droite n’ait pas fait la même chose : certes elle détient le sortant qui sera candidat à sa propre succession et qui veut que le silence règne dans ses rangs. Mais il eut été bon qu’elle fournisse elle aussi un débat de cette qualité entre les représentants de factions qui, même si elle le nie, existent bel et bien en son sein.

J’ai retenu aussi, de cette émission bien tenue par des journalistes anti-stars, la dignité avec laquelle chacun et chacune s’est exprimé, comme si la vie politique, enfin, se détournait du sensationnalisme et revenait à ses fondamentaux. Avez-vous remarqué qu’on a enfin parlé de ce que vivent les Français, de leur vie quotidienne, qu’on a parlé de de la jeunesse, qu’on a parlé de citoyenneté ? Le tout sans surenchère facile, sans démagogie excessive, sans invectives et sans anathèmes.

Enfin, il y avait dans tout ça, malgré tout, un petit côté télé-réalité : qui s’en sort vainqueur, qui sera le plus apte à affronter le président sortant au second tour de mai prochain ? Et là, en s’efforçant d’oublier nos sympathies naturelles, disons que Martine Aubry a paru la plus directe et la plus franche, la plus convaincue aussi. Juste derrière elle, François Hollande a été très bon, affirmant une autorité réelle, mais donnant malgré tout l’idée qu’il "surjouait", bien coaché par ses lieutenants. Et Arnaud Montebourg ? A part son inutile emphase finale, il a flatté bien des pauvres gens dans le sens du poil, ses yeux bleus faisant, si l’on ose dire, le reste !

Que près de 5 millions de Français aient regardé ce débat est aussi réconfortant : un signe que le pays ne va pas si bien que certains veulent le dire et que les Français ne sont pas si indifférents à la chose politique qu’on nous le fait croire ici ou là.

Michel HUVET






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