Voilà donc l’oeuvre qui fait scandale : ce Christ baignant dans l’urine de l’artiste photographe. Pas de quoi fouetter le diable et rameuter les intégrismes toujours prompts à se ridiculiser, même et surtout si le ridicule ne tue pas. On ne répond pas à la provocation par une autre qui la sublimise.
Car tout ça ne vaut pas un iota de scandale, ne nous y trompons pas. Il ne s’agit qu’une affaire commerciale, une montée de la cote déclinante de l’artiste, une affaire de galeristes et de marchands d’art. Et comme les chrétiens sont en semaine sainte, ça tombe bien pour les affaires.
Et puis même, à y regarder de près, cette photo ne nous dit-elle pas quelque chose de notre monde ? Qu’à trop jeter les valeurs apportées il y a deux mille ans par le christianisme, on finira par un suicide collectif, avec Tchernobyl et Fukushima comme signes annonciateurs. Qu’à toute époque aussi, ce sont les fanatismes, et d’abord les fanatismes religieux, qui ont semé le trouble : à se demander même si les “intégristes” visés ne sont pas des faux…
Je sais combien cette photo a pu toucher la sensibilité d’âme de ceux qui y ont vu un blasphème, qui se sont dit que ce qu’on fait à Jesus-Christ, certains n’oseraient pas le faire avec toute autre religion et que le christianisme accepte depuis si longtemps la dérision qu’après tout, n’est-ce pas ?...
Mais c’est oublier l’essentiel : que le Christ n’est pas venu pour être servi mais pour servir, qu’il est mort sur une croix pour que tout pauvre, tout humble, tout malade soit guéri et sauvé. C’est de salut qu’il est question dans cette mort sur la croix. Cette photo qui fait tant de bruit nous dit bien que nous sommes poussière.
Pâques arrive à point. Dans la nuit, une lumière va soudain briller. Il n’est plus là. Il est vivant. Il nous précède dans la Vie. La vraie photo du Christ, c’est celle qui se trouve à Turin, dans ce linceul que les femmes trouvèrent roulé au matin de Pâques. Elles virent, et elles crurent.
Michel HUVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire