J’entendais l’autre jour le maire de Dijon, François Rebsamen, vanter l’action municipale pour la défense du Patrimoine, et je me disais que c’est si rare d’entendre un maire de grande ville parler ainsi de politique culturelle en n’oubliant pas de la lier d’ailleurs à une action dynamique et contemporaine – réfection et agrandissement du musée des beaux-arts, classement de Dijon dans les villes d’art et d’histoire, demande de reconnaissance des « climats » de Dijon à Beaune au patrimoine mondial de l’Unesco, envoi des pleurants des tombeaux ducaux au USA, réouverture pour des expositions de Saint-Philibert –.
Quelques jours plus tard, direction la Bourgogne du sud. Las, en octobre, à part Cluny/abbaye et le château de Cormatin – visite au pas de course, amputée de celle des jardins et des douves –, vous n’aurez, en semaine, aucune chance de retrouver le goût de lire du Lamartine : Saint-Point ? Venez donc le week-end ! Milly ? Le dimanche seulement ! C’est assez décevant pour le touriste culturel qui ne demande pas forcément à être assimilé à un vacancier en panne de jeu de boules : on se contente alors, devant les grilles des lieux, de lire à haute voix les livres d’Émile Magnien ou Roger Gouze, et de déchiffrer les plaques mémoriales apposées là (avec citations heureuses) par l’association La Mémoire des lieux.
Il y a pire. On peut entrer, moyennant une modeste somme, dans la Chapelle des Moines à Berzé-la-Ville : là sont réapparues, en 1886, les peintures murales de la grande époque clunisienne, avec surtout , dans une mandorle, ce Christ pantocrator de 4 mètres de haut entouré des apôtres qui achèvent la semi-coupole de la chapelle. Le lieu, si unique en Europe, est donc ouvert en octobre ? Oui, bien sûr, car il appartient à l’académie de Mâcon qui le gère au mieux. Mais voilà : ce « monument historique », vanté lors d’une récente émission Des racines et des ailes par un représnetant de la DRAC, n’est quasiment plus aidé par le ministère de la Culture, et que le vent froid et la pluie vont encore longtemps entrer par l’oculus brisé du portail et, par l’humidité, compromettre la pérennité des chefs d’œuvre muraux.
Si l’on sait que c’est un peu la même chose à Dijon avec la chapelle de la Chartreuse de Champmol – encore qu’apparemment le maire de Dijon aurait réussi à convaincre la DRAC de l’aider, on croise les doigts –, on se demande vraiment à quoi servent les services des monuments historiques s’ils ne trouvent plus, dans nos impôts, de quoi assurer ce qu’ils ont promis.
Michel HUVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire