Bien des participants sont restés debout (Photo MH) |
Du glyphosate au ferroutage en passant par
les industriels pollueurs et la taxe carbone, sans oublier les maladies
respiratoires dues à la pollution, oui le grand débat, en débarquant à Dijon, a
révélé bien des avis de la part des participants au Cellier de Clairvaux.
Organisé par les deux députés LREM de la Métropole
(Didier Martin et Fadila Khattabi), ce premier grand débat dijonnais a été
dirigé, noté, enregistré par trois commissaires enquêteurs assermentés qui ont
dirigé les débats sur la transition écologique et la fiscalité. Deux jours plus
tard, il devait s’agir de débattre de la démocratie et des services publics.
Rénover les barrages
Gilets jaunes ou pas, fonctionnaires ou
employés, enseignants ou commerçants, peu importe : les langues se sont déliées
et les propositions n’ont pas manqué d’affluer. On eut pu craindre un
déferlement de revendications (il y en eut, évidemment) mais dans l’ensemble, et ainsi maîtrisé – à
part une sévère empoignade sur le glyphosate –, le débat a paru comme
intéressant et fructueux à la plupart des participants.
Les rapporteurs auront sans doute du mal à
classer tous ces avis mais, pour l’essentiel, ils ont été variés et évidents.
Il faut “investir massivement dans le solaire, économiser l’énergie et faire un
grand emprunt pour la transition écologique” a souligné un fonctionnaire
dijonnais. Et encore plus concrètement, les panneaux solaires ou les éoliennes
ne suffiront pas à maîtriser et renouveler les énergies. Commençons donc par
rénover les barrages français (dans un état “déplorable”) et les centrales
comme Fessenheim, a insisté un gilet jaune par ailleurs étudiant en Histoire.
A l'arrêt, éteignez les moteurs !
Mais il y eut encore plus concrêt. D’abord
“trouver de quoi doter chaque village d’une petite réserve d’eau et essayer de
gérer un peu mieux nos forêts”. Un élue communiste bien connue à Dijon a
suggéré, sous les applaudissements, que la politique des transports en commun
soit plus ambitieuse, qu’on ne réforme pas la SNCF comme il est prévu, qu’on
arrête les suppressions de lignes ou de gares, que les bus et les camions en
transit et à l’arrêt cessent de laisser tourner leurs moteurs des heures
durant, ne serait-ce que pour endiguer les maladies respiratoires dont sont
surtout victimes les enfants (“6 morts par jour en Bourgogne Franche-Comté”).
Un débat pas follement gai, on en
conviendra. On ajoutera aussi que le glyphosate est à arrêter tout de suite en
“donnant les moyens aux producteurs locaux de faire du bio”, qu’il faut
intensifier la règle du pollueur-payeur (“Nous, les petits, on n’est pas
responsables des industriels pollueurs et donc ce n’est pas au particulier à
payer ça”), contrer les lobbys des
transports routiers en développant massivement le ferroutage, développer la
voiture hybride et … imposer des quotas sur les voyages en avion : “En quinze
minutes, depuis chez moi près de Dijon, j’ai vu passer 53 avions” !
Allez, merci aux gilets jaunes : c’est
grâce à eux quand même que ces choses simples ont pu être dites et seront donc
remontées jusqu’aux oreilles de Jupiter.
Michel HUVET