Au milieu des embouteillages dûs au travaux de construction d’un tramway dans la ville harassée, la radio de bord, tout-à-coup, vers 13 h 15 en ce 16 août, me met hors de moi à l’occasion d’un pseudo-débat sur l’euthanasie. Entendant le président de Mourir dans la Dignité lui raconter qu’un député "qui défend la vie" lui aurait dit "Ta vie ne t’appartient pas", le journaliste (sans doute Luc Evrard) en remet une couche en s’écriant : "Et c’est un député d’un état laïque qui dit une chose pareille ?"
Trop, c’est trop. Car enfin quoi, qu’est-ce que la laïcité vient faire là-dedans ? Est-ce que la phrase incriminée est imprononçable dans une république laïque ? C’est quoi, ce cirque de l’hypocrisie bien-pensante ? Mon sang ne fait qu’un tour et je manque d’un rien d’accrocher un cycliste qui serpente entre les voitures serpentant elles-mêmes entre trois plots et quatre chicanes invraisemblables.
Oui, cette fois, ça suffit. Parce que les catholiques défendent la vie de la conception à la mort, il faudrait qu’ils soient bannis de la République, qu’ils portent une étoile jaune et qu’on construise des camps à leur intention ? Est-ce que ces messieurs prétendûment journalistes ont un jour appris à réfléchir ? Ces suivistes des gourous soi-disant affranchis ne seront-ils donc jamais sanctionnés pour leurs manquements à la plus élémentaire déontologie ?
La simple éthique sociale universelle, qui vient effectivement des notions de respect de la vie et de personne humaine amenées par le christianisme, dit bien que la laïcité est d’abord le respect de tous et la liberté de chacun. Que la tolérance est la vertu républicaine par excellence. Et puis, même sur le fond, pourquoi n’aurait-on pas le droit de penser que la vie est un don, qu’on l’a reçue et non voulue, et que nous n’en disposons pas comme d’un hochet, et que si nous le faisions, la boîte de Pandore serait grande ouverte sur l’horreur ?
La laïcité, pour moi, c’est aussi de pouvoir écrire ça.
Michel HUVET